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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/205

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idée bien simple, et qui eût dû me venir plus tôt, qu’il pouvait rester dans les poches du vêtement quelque indice de son origine. L’idée fut très mal accueillie : je remis à plusieurs reprises l’ennui d’y donner suite. Enfin je plongeai dans les petites poches mes mains qui tremblaient un peu : ce fut avec un inexprimable soulagement que je les retirai vides. Mon intendant voulait me faire aller à Tachagne pour conclure une affaire d’importance ; je trouvai des prétextes pour l’y envoyer à ma place, craignant sur toutes choses une explication avec le maître de poste qui pouvait m’obliger à une restitution. Chaque fois qu’on sonnait au portail, le cœur me battait, il me semblait qu’on venait me la reprendre. Quand l’attelage d’un voisin ou le cheval d’un messager entraient dans la cour, je me surprenais à jeter vivement une draperie sur la pelisse ;