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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/217

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de pouvoir placer son nom sur cette figure, vous ne trouvez pas un mot sur vos lèvres ; vous devinez qu’elle vous reconnaît, elle aussi ; et chaque minute de retard augmente votre malaise.

C’était une gêne de cette sorte que j’éprouvais, mais cent fois plus pénible, et compliquée d’idées extravagantes. Tantôt il me semblait que je me promenais moi-même à mes côtés, je veux dire l’ancien moi, celui d’autrefois ; tantôt que ma polonaise courait devant moi, emportant mon moi nouveau. Ainsi dédoublé, et chacune de mes moitiés évitant l’autre, je me sentais plus ridicule à chaque nouvelle rencontre ; le regard voilé s’attachait sur moi, toujours plus inquiétant ; des gouttes de sueur me perlaient aux tempes.

Soudain, après un dernier tour, la promeneuse s’arrêta net sous la lampe, écarta brusquement