Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/235

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maison et me présenta à son mari, un glorieux invalide des guerres du Caucase, cloué par la sciatique dans une bergère, devant une table où sa jeune femme et son intendant battaient les cartes à tour de rôle pour son éternelle partie de préférence ; un beau portrait d’ancêtre, au demeurant, où, sur les tempes blanchies, les rides entrecroisaient leurs balafres avec celles des yatagans turcs ; le nez émerillonné et la belle humeur témoignaient des consolations qu’apporte à la vieillesse d’un soldat une cave bien fournie de vin de Hongrie. Mes hôtes me firent grand accueil ; mais, durant tout ce séjour, je ne leur donnai que ce que la stricte politesse ne me permettait pas de leur refuser. Dès que j’en trouvais l’occasion, je m’échappais pour rejoindre ma bien-aimée et me perdre dans sa contemplation. Il me parut bientôt que Mme ***ska suivait avec quelque