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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/241

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Durant ces journées de vie commune, nous causions ; je prenais un vif intérêt à cette nature singulière qui se dévoilait devant moi. Nature double, et comme faite de deux moitiés d’âmes mal rejointes ; je m’expliquais sans trop de peine cette dualité ; je savais par expérience que la merveilleuse pelisse possédait une influence si pénétrante, si irrésistible, qu’elle modifiait jusqu’à la personne morale de ceux qu’elle enveloppait.

Dans une âme tranquille, un peu lasse, engourdie par la solitude, la fée allumait des étincelles de malice et des éclairs de poésie. Par moments, les paroles de ma nouvelle amie semblaient lui être soufflées par un esprit de passage, un de ces vagabonds du monde occulte qui viennent parfois prendre gîte dans les plus honnêtes demeures et bouleverser toute la maison. Je la voyais alors inquiète,