Aller au contenu

Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la route. En se retirant, le majordome dit sentencieusement :

— Madame la comtesse fera bien de fermer ses pierreries, ce soir ; c’est par des nuits pareilles que la Dame revient.

— Quelle Dame ? demandai-je à mon hôte.

— Comment, vous ne savez pas quelle visite vous menace ? N’allez pas sourire, monsieur le sceptique, et écoutez une histoire à laquelle tous mes serviteurs croient aussi fermement qu’aux miracles de Notre-Dame de Gzentoschau. Il y a bien longtemps, sous le roi Stanislas, cette maison fut le théâtre d’une tragédie domestique ; un de mes ancêtres, trahi par sa jeune femme, se fit justice lui-même, à la rude manière des aïeux, et précipita la coupable dans le grand étang. Depuis lors, l’âme damnée erre avec les roussalki, les fées des eaux, sous les nénuphars et les joncs ; de loin en loin, elle revient