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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/247

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moins que je la reprenne la nuit pour l’avoir plus près de moi et la contempler à mon réveil.

Sans attendre l’assentiment de Mme ***ska, je m’étais emparé de sa mante, comme elle la jetait sur un meuble en se retirant. Depuis lors, je l’emportais amoureusement dans ma retraite ; par les nuits de lune, le pâle velours et les zibelines se détachaient sur ma vitre, dans un nimbe de rayons ; je ne sais pas de mots assez doux pour dire leur grâce, la symphonie divine qui retardait mon sommeil.

Ce soir-là, la pleine lune de décembre s’éteignait à chaque instant sous les nuages noirs affolés par le vent ; l’ouragan faisait rage et pénétrait dans ma chambre par les vieilles croisées mal jointées. Une idée me vint, qui me fit froid : si la Dame, la roussalka, allait me visiter et me ravir mon trésor,