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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/56

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dirigeant avec sa charrette de paille vers la maison d’Anton Pétrovitch ; après minuit, il avait quitté furtivement le moulin, gagné Ivanofka, pénétré dans l’enclos et mis le feu aux écuries ; depuis longtemps, il méditait de se venger du seigneur qui l’avait fait battre cruellement l’année d’auparavant. – Ces mots « se venger » prenaient un accent singulier dans la bouche de cet être chétif. – Comme on lui opposait ses dénégations, lors de la première enquête, le colporteur demanda aux juges si l’on n’aurait pas trouvé à Ivanofka un pot de goudron portant une certaine marque de fabrique ; ce pot faisait partie de son assortiment de marchandises, il l’avait acheté à la ville l’avant-veille de l’événement, comme on pouvait s’en assurer. Le détail était exact ; le pot qui avait dû servir à allumer l’incendie figurait parmi les pièces à conviction.