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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/86

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soit qu’il eût en réalité quelque avis, soit qu’il voulût relever le moral du soldat, notre chef annonçait l’arrivée d’une armée de secours pour le lendemain. Le 22, dès l’aube et jusqu’au soir, tous les yeux fouillaient impatiemment l’horizon. Rien que l’éclair accoutumé des canons turcs. Le 23, le 24, on attendit encore d’heure en heure la réalisation de cette promesse.

Rien, toujours rien !

Alors les espérances, un moment exaltées, retombèrent de toute leur hauteur dans un abattement pire que les incertitudes passées. Plus de pain, une cuillerée d’eau nauséabonde, une chaleur accablante, et cette odeur insupportable des cadavres, qui pourrissaient aux abords de la citadelle, empestant l’air que nous respirions. Les hommes encore valides, brisés de fatigue, ne suffisaient plus aux services multipliés qu’