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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome1.djvu/162

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COMMENTAIRE

gleterre, à la campagne, avec M. Fabrice, chambellan de George Ier, électeur de Hanovre, roi d’Angleterre, qui avait résidé sept ans auprès de Charles XII, après la journée de Pultavva.

C’est ainsi que la Henriade avait été commencée à Saint-Ange, d’après les conversations avec M. de Caumartin.

Cette histoire fut très-louée pour le style, et très-critiquée pour les faits incroyables. Mais les critiques et les incrédules cessèrent, lorsque le roi Stanislas envoya à l’auteur, par M. le comte de Tressan, lieutenant général, une attestation authentique conçue en ces termes[1] : « M. de Voltaire n’a oublié ni déplacé aucun fait, aucune circonstance ; tout est vrai, tout est dans son ordre. Il a parlé sur la Pologne, et sur tous les événements qui sont arrivés, comme s’il avait été témoin oculaire. Fait à Commercy, le 11 juillet 1759. »

Dès qu’il eut un de ces titres d’historiographe, il ne voulut pas que ce titre fût vain, et qu’on dît de lui ce qu’un commis du trésor royal disait de Racine et de Boileau : Nous n’avons encore vu de ces messieurs que leur signature. Il écrivit la guerre de 1741, qui était alors dans toute sa force, et que vous retrouvez dans le Siècle de Louis XIV et de Louis XV[2].

Il était alors à Étiole avec cette belle Mme d’ÉtioIe qui fut depuis la marquise de Pompadour. La cour ordonna des fêtes pour le commencement de l’année 1745, où l’on devait marier le dauphin avec l’infante d’Espagne. On voulut des ballets avec de la musique chantante, et une espèce de comédie qui servît de liaison aux airs. M. de Voltaire en fut chargé, quoique un tel spectacle ne fût point de son goût. Il prit pour sujet une princesse de Navarre[3]. La pièce est écrite avec légèreté. M. de La Popelinière, fermier général, mais lettré, y mêla quelques ariettes ; la musique fut composée par le fameux Rameau.

Mme d’Étiole obtint alors pour M. de Voltaire le don gratuit d’une charge de gentilhomme ordinaire de la chambre. C’était un présent d’environ soixante mille livres, et présent d’autant plus agréable que peu de temps après, il obtint la grâce singulière de vendre cette place, et d’en conserver le titre, les priviléges et les fonctions.

  1. Voyez tome XVI, page 142.
  2. Elle a été imprimée séparément, et ridiculement falsifiée. (Note de Voltaire.) — Voyez l’Avertissement de Beuchot, en tête du Précis du Siècle de Louis XV, tome XV.
  3. Voyez la Princesse de Navarre, tome IV, page 271.