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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome1.djvu/42

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XXXII
XXXII
PRÉFACE GÉNÉRALE

Les premiers éditeurs de ces onze pièces n’ont donné aucune explication à leur égard. Voici ce que j’en sais. Un habitant de Genève proposa, en 1825, à des libraires de Paris, de leur vendre un manuscrit contenant précisément les ouvrages dont j’ai rapporté les titres, et qu’il avait, plus de vingt-cinq ans auparavant, reçu en payement de ce que lui devait un homme de le titres qui avait vécu dix ans avec Voltaire. Rien de cela n’était appuyé de preuves. On n’offrait pas, au reste, le manuscrit comme étant de la main de Voltaire, mais comme pouvant être de celle de Mme Denis. Les libraires à qui la proposition était faite la refusèrent. D’autres éditeurs furent moins difficiles, comme on voit.

La lecture de la première de ces onze pièces suffisait pour motiver un refus.

Dans les Réflexions sur l’idée qu’on doit avoir de Dieu selon nos lumières, l’auteur, après avoir dit que, pour avoir une idée de Dieu, il n’est pas nécessaire qu’on le voie, de même qu’on n’a pas besoin d’avoir vu certaines personnes pour croire à leur existence et les connaître, ajoute : « C’est ainsi que nous pouvons à présent connaître, par exemple, le cardinal de Richelieu mieux que ceux qui vivaient de son temps, puisqu’il nous a laissé, dans son Testament politique, un portrait de son âme qui nous en montre toutes les qualités. »

Ce raisonnement ne pouvait être fait par Voltaire, qui n’a jamais changé d’opinion sur le Testament politique, qu’il regardait comme apocryphe[1].

J’ai cependant admis dans mon édition, tome L, la Prière du curé de Fresne. Il le fallait bien, puisque, tome LXVIII, pages 102 et 131, j’avais dit qu’on trouverait cette Prière au tome L[2].

Quant au Philosophe, que j’ai donné (tome XLVII, page 230[3]), le texte que j’ai adopté est bien différent de celui que contient l’édition en quatre-vingt-quinze volumes ; et j’ai expliqué pourquoi je préférais la version que j’ai reproduite.

  1. En 1737, dans ses Conseils à un journaliste, Voltaire a dit : « Si on réimprime le livre fameux connu sous le nom de Testament politique du cardinal de Richelieu, montrez combien on doit douter que ce ministre en soit l’auteur. » (Voyez tome XXII, page 258.) Trente-neuf ans après, le 2 mars 1776, il écrivait : « Il y avait de la démence à croire cette rapsodie écrite par un ministre d’État. » (Voyez tome L, page 1.)
  2. La Prière du curé de Fresne, que nous avions d’abord insérée parmi diverses pièces en prose attribuées à Voltaire, tome XXXII de notre édition, a été définitivement écartée. (L. M.)
  3. Tome XXIX, page 41 de notre édition. (L. M.)