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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/261

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LOTHAIRE.

blée d’évêques, que jamais les papes ne pourront être consacrés sans la confirmation des empereurs.

Cependant Louis en Germanie est obligé de combattre tantôt les Huns, tantôt les Normands, tantôt les Bohêmes. Ces Bohêmes, avec les Silésiens et les Moraves, étaient des idolâtres barbares qui couraient sur des chrétiens barbares avec des succès divers.

L’empereur Lothaire et Charles le Chauve ont encore plus à souffrir dans leurs États. Les provinces depuis les Alpes jusqu’au Rhin ne savent plus à qui elles doivent obéir.

Il s’élève un parti en faveur d’un fils de ce malheureux Pepin, roi d’Aquitaine, que Louis le Faible son père avait dépouillé. Plusieurs tyrans s’emparent de plusieurs villes. On donne partout de petits combats, dans lesquels il y a toujours des moines, des abbés, des évêques, tués les armes à la main. Hugues, l’un des bâtards de Charlemagne, forcé à être moine, et depuis abbé de Saint-Quentin, est tué devant Toulouse avec l’abbé de Perrière. Deux évêques y sont prisonniers. Les Normands ravagent les côtes de France. Charles le Chauve ne s’oppose à eux qu’en s’obligeant à leur payer quatorze mille marcs d’argent, ce qui était encore les inviter à revenir[1].

847. L’empereur Lothaire, non moins malheureux, cède la Frise aux Normands, à condition d’hommage. Cette funeste coutume d’avoir ses ennemis pour vassaux prépare l’établissement de ces pirates dans la Normandie.

848. Pendant que les Normands ravagent les côtes de la France, les Sarrasins entraient en Italie. Ils s’étaient emparés de la Sicile. Ils s’avancent vers Rome par l’embouchure du Tibre. Ils pillent la riche église de Saint-Pierre hors des murs.

Le pape Léon IV, prenant dans ces dangers une autorité que les généraux de l’empereur Lothaire paraissaient abandonner, se montra digne, en défendant Rome, d’y commander en souverain. Il avait employé les richesses de l’Église à réparer les murailles, à élever des tours, à tendre des chaînes sur le Tibre. Il arma les milices à ses dépens, engagea les habitants de Naples et de Gaïète à venir défendre les côtes et le port d’Ostie, sans manquer à la sage précaution de prendre d’eux des otages ; sachant bien que ceux qui sont assez puissants pour nous secourir le sont assez pour nous nuire. Il visita lui-même tous les postes, et reçut les Sarrasins à leur descente, non pas en équipage de guerrier, ainsi

  1. Voyez page 246.