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OTHON II.

981. Comme Rome était divisée, il y fut reçu. Il se loge dans le palais du pape ; il invite à dîner plusieurs sénateurs et des partisans de Censius. Des soldats entrent pendant le repas, et massacrent les convives. C’était renouveler les temps des Marins, et c’était tout ce qui restait de l’ancienne Rome, Mais le fait est-il bien vrai ? Godefroi de Viterbe le rapporte deux cents ans après.

982. Au sortir de ce repas sanglant, il faut aller combattre dans la Pouille les Grecs et les Sarrasins, qui venaient venger Rome et l’asservir. Il avait beaucoup de troupes italiennes dans son armée ; elles ne savaient alors que trahir.

Les Allemands sont entièrement défaits. L’évêque d’Augsbourg et l’abbé de Fulde sont tués les armes à la main. L’empereur s’enfuit déguisé ; il se fait recevoir comme un passager dans un vaisseau grec. Ce vaisseau passe près de Capoue. L’empereur se jette à la nage, gagne le bord et se réfugie dans Capoue.

983. On touchait au moment d’une grande révolution. Les Allemands étaient près de perdre l’Italie, Les Grecs et les musulmans allaient se disputer Rome ; mais Capoue est toujours fatale aux vainqueurs des Romains. Les Grecs et les Arabes ne pouvaient être unis ; leur armée était peu nombreuse ; ils donnent le temps à Othon de rassembler les débris de la sienne, de faire déclarer empereur à Vérone son fils Othon qui n’avait pas dix ans.

Un Othon, duc de Ravière, avait été tué dans la bataille. On donne la Bavière à son fils. L’empereur repasse par Rome avec sa nouvelle armée.

Après avoir saccagé Bénévent infidèle, il fait élire pape son chancelier d’Italie. On croirait qu’il va marcher contre les Arabes et contre les Grecs ; mais point. Il tient un concile. Tout cela fait voir évidemment que son armée était faible, que les vainqueurs l’étaient aussi, et les Romains davantage. Au lieu donc d’aller combattre, il fait confirmer l’érection de Hambourg et de Brême en archevêché. Il fait des règlements pour la Saxe, et il meurt dans Rome, le 7 décembre, sans gloire ; mais il laisse son fils empereur. Les Grecs et les Sarrasins s’en retournent après avoir ruiné la Pouille et la Calabre, ayant aussi mal fait la guerre qu’Othon, et ayant soulevé contre eux tout le pays.