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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome13.djvu/474

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ANNALES DE L’EMPIRE.

quoi s’agissait-il ? d’une donation du Tyrol faite solennellement à ce duc de Bavière par Sigismond d’Autriche ; et cette donation ou vente secrète était regardée comme la dot de sa femme Cunégonde, propre fille de l’empereur Frédéric III.

L’empereur prétendait que le Tyrol ne pouvait pas s’aliéner : tout l’empire était partagé sur cette question, preuve indubitable qu’il n’y avait point de lois claires ; et c’est en effet ce qui manque le plus aux hommes.

Le ban de l’empire, dans un tel cas, n’est qu’une déclaration de guerre ; mais on s’accommoda bientôt. Le Tyrol resta à la maison d’Autriche : on donne quelques compensations à la Bavière, et le duc de Bavière rend Ratisbonne, dont il s’était emparé depuis peu.

Ratisbonne était une ville impériale. Le duc de Bavière, fondé sur ses anciens droits, l’avait mise au rang de ses États ; elle est de nouveau déclarée ville impériale : il resta seulement aux ducs de Bavière la moitié des droits de péage.

1492. Le roi des Romains, Maximilien, qui comptait établir paisiblement la grandeur de sa maison en mariant sa fille Marguerite d’Autriche à Charles VIII, roi de France, chez qui elle était élevée, et en épousant bientôt Anne de Bretagne, épousée déjà en son nom par procureur, apprend que sa femme est mariée en effet à Charles VIII, le 6 décembre 1491, et qu’on va lui renvoyer sa fille Marguerite. Les femmes ne sont plus des sujets de guerre entre les princes, mais les provinces le sont.

L’héritage de Marie de Bourgogne fomentait une discorde éternelle, comme l’héritage de Mathilde avait si longtemps troublé l’Italie.

Maximilien surprend Arras ; il conclut ensuite une paix avantageuse par laquelle le roi de France lui cède la Franche-Comté en pure souveraineté, et l’Artois, le Charolais, et Nogent, à condition d’hommage.

Ce n’est pas à Maximilien proprement qu’on cède ce pays, c’est à Philippe son fils, comme représentant Marie de Bourgogne sa mère.

Il faut avouer que nul roi des Romains ne commença sa carrière plus glorieusement que Maximilien. La victoire de Guinegaste sur les Français, l’Autriche reconquise, Arras prise, et l’Artois gagné d’un coup de plume, le couvraient de gloire.

1493. Frédéric III meurt, le 19 auguste, âgé de soixante-dix-huit ans ; il en régna cinquante-trois. Nul règne d’empereur ne fut plus long ; mais ce ne fut pas le plus glorieux.