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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome14.djvu/80

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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

Soleil, puisses-tu ne rien voir
De si puissant que cet empire !

C’est dans ce prologue qu’on trouve les ariettes qui servirent depuis de canevas au poëte Rousseau pour composer les couplets effrénés qui causèrent sa disgrâce. Les couplets originaux de Danchet valent peut-être mieux que les parodies de Rousseau. Voici surtout celui de Danchet qu’on a le plus retenu :

Que l’amant qui deient heureux
En devienne encor plus fidèle !
Que toujours dans les mêmes nœuds
Il trouve une douceur nouvelle !
Que les soupirs et les langueurs
Puissent seuls fléchir les rigueurs
De la beauté la plus sévère !
Que l’amant comblé de faveurs
Sache les goûter et les taire !

Mort en 1718.

Dancourt (Florent Carton), avocat, né à Fontainebleau en 1661, aima mieux se livrer au théâtre qu’au barreau. Ce que Regnard était à l’égard de Molière dans la haute comédie, le comédien Dancourt l’était dans la farce. Beaucoup de ses pièces attirent encore un assez grand concours : elles sont gaies ; le dialogue en est naïf. La quantité de pièces qu’on a faites dans ce genre facile est immense ; elles sont plus du goût du peuple que des esprits délicats ; mais l’amusement est un des besoins de l’homme, et cette espèce de comédie, aisée à représenter, plaît dans Paris et dans les provinces au grand nombre, qui n’est pas susceptible de plaisirs plus relevés. Mort en 1726.

Danet (Pierre), l’un de ces hommes qui ont été plus utiles qu’ils n’ont eu de réputation. Ses Dictionnaires de la langue latine et des antiquités furent au nombre de ces livres mémorables faits pour l’éducation du dauphin. Monseigneur, et qui, s’ils ne firent pas de ce prince un savant homme, contribuèrent beaucoup à éclairer la France. Mort en 1709.

Dangeau (Louis de Courcillon, abbé de), né en 1643, excellent académicien[1]. Mort en 1723.

  1. Il était frère du marquis de Dangeau, dont les Mémoires sont souvent cités et réfutés par Voltaire, qui, le premier, en fit imprimer un extrait avec des notes ; voyez dans les Mélanges à la date de 1769. (B.)