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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome14.djvu/91

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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

mots : « S’il était né en Angleterre, il aurait développé son génie et donné l’essor sans crainte à ses principes, que personne n’a connus. »

Ferrand (Antoine), conseiller de la cour des aides. On a de lui de très-jolis vers. Il joutait avec Rousseau dans l’épigramme et le madrigal. Voici dans quel goût Ferrand écrivait :

D’amour et de mélancolie
Célemnus enfin consumé,
En fontaine fut transformé ;
Et qui boit de ses eaux oublie
Jusqu’au nom de l’objet aimé.
Pour mieux oublier Égérie,
J’y courus hier vainement :
À force de changer d’amant,
L’infidèle l’avait tarie.

On voit que Ferrand mettait plus de naturel, de grâce, et de délicatesse, dans ses sujets galants, et Rousseau plus de force et de recherche dans des sujets de débauche. Mort en 1719.

Feuquières (Antoine de Pas, marquis de), né à Paris en 1648. Officier consommé dans l’art de la guerre, et excellent guide s’il est critique trop sévère. Mort en 1711.

Fléchier (Esprit), du comtat d’Avignon, né en 1632, évêque de Lavaur et puis de Nîmes ; poëte français et latin, historien, prédicateur, mais connu surtout par ses belles oraisons funèbres[1]. Son Histoire de Théodose a été faite pour l’éducation de Monseigneur. Le duc de Montausier avait engagé les meilleurs esprits de France à travailler, par de bons ouvrages, à cette éducation. Mort en 1710.

Fleury (Claude), né en 1640, sous-précepteur du duc de Bourgogne, et confesseur de Louis XV son fils, vécut à la cour dans la solitude et dans le travail. Son Histoire de l’Église est la meilleure qu’on ait jamais faite, et les discours préliminaires sont fort au-dessus de l’histoire. Ils sont presque d’un philosophe, mais l’histoire n’en est pas. Mort en 1723.

Fontaine (Jean de La). Voyez La Fontaine.

Fontenelle (Bernard Le Bovier[2] de), né à Rouen le 11 fé-

  1. Et aujourd’hui par sa relation des Grands Jours d’Auvergne. — Voyez ce que Voltaire dit de Fléchier dans le chapitre xxxii.
  2. « Originairement Le Bouyer (dit l’abbé Trublet) ; dans la suite l’u voyelle s’est changé en v consonne, et l’y grec en i français, comme dans beaucoup d’autres noms. »