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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome15.djvu/503

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DU DUEL ENTRE CHARLES-QUINT ET FRANÇOIS Ier.


Cependant on poursuivit lentement le procès contre le connétable ; il fallait trois défauts de comparaître pour qu’on jugeât, comme on disait alors, en profit de défaut ; mais toutes ces poursuites cessèrent quand le roi fut vaincu et pris à Pavie par l’armée, dans laquelle un des chefs était ce même Charles de Bourbon. Il fallut, au lieu de lui faire son procès, lui restituer, par le traité de Madrid, toutes ses terres, tous ses biens, meubles et immeubles, dans l’espace de six semaines, lui laisser le droit d’exercer ses prétentions sur la souveraineté de la Provence, et promettre de ne faire aucune poursuite contre ses amis et ses serviteurs. Le roi signa ce traité.

Il crut, quand il revint en France, que la politique ne lui permettait pas de tenir la parole à ses vainqueurs ; et après la mort du connétable, tué en prenant Rome, François Ier le condamna, le 26 juillet 1527, dans la grand’chambre du parlement, assisté de quelques pairs. Le chancelier Duprat prononça l’arrêt qui « damnait et abolissait sa mémoire et renommée à perpétuité », et qui confisquait tous ses biens, meubles et immeubles.

Pour ses biens, on en rendit une partie à sa maison ; et pour sa renommée, elle a toujours été celle d’un héros qui eut le malheur de se trop venger d’une injustice qu’on lui avait faite.



CHAPITRE XVIII.


DE L’ASSEMBLÉE DANS LA GRAND’SALLE DU PALAIS, À L’OCCASION DU DUEL ENTRE CHARLES-QUINT ET FRANÇOIS Ier.


Après que François Ier, mal conseillé par son courage et par l’amiral Bonnivet, eut perdu la bataille de Pavie, où il fit des actions de héros et où il fut fait prisonnier; après qu’il eut langui une année entière en prison, il fallut exécuter le fatal traité de Madrid, par lequel il avait promis de céder au victorieux Charles-Quint la Bourgogne, que cet empereur regardait comme le patri-


    tome II ; et voyez, sur tous les articles précédents, le Recueil des édits et ordonnances, le président de Thou, le comte de Boulainvilliers, et tous les historiens. (Note de Voltaire.)