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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome15.djvu/542

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CHAPITRE XXIX.


y parler, et chacun des trois ordres nomma des commissaires pour examiner avec lui les besoins de l’État[1].

Ces premiers états de Blois ne donnèrent point d’argent au roi, qui en avait un extrême besoin ; mais le clergé demanda la publication du concile de Trente, dont plus de vingt-quatre décrets étaient directement contraires aux lois du royaume et aux droits de la couronne. La noblesse et le tiers état s’y opposèrent avec force. Les trois ordres ne se réunirent que pour laisser le roi dans l’indigence où ses profusions et une guerre malheureuse contre son héritier présomptif l’avaient réduit.

On a prétendu qu’à ces premiers états de Blois les députés des trois ordres avaient été chargés d’une instruction approuvée du roi, portant que « les cours des parlements sont des états généraux au petit pied ». Cette anecdote se trouve dans l’Examen d’une histoire de Henri IV, assez inconnue, composée par un écrivain nommé M. de Bury ; mais l’auteur de l’Examen[2] se trompe. Il est très-faux, et il n’est pas possible que les états généraux aient ordonné à leurs députés de dire au roi que les parlements sont des états généraux. L’instruction porte ces propres paroles : » Il faut que tous édits soient vérifiés et comme contrôlés ès cours de parlement, lesquelles, combien qu’elles ne soient qu’une forme des trois états, raccourcie au petit pied, ont pouvoir de suspendre, modifier et refuser lesdits édits[3]. Voyez les Mémoires de Nevers, page 449

    parlements ont été supprimés par le décret de l’Assemblée nationale du 6 octobre 1790.

    Il y avait eu un parlement de Dombes, qui siégea à Lyon, puis à Trévoux, alors enclavé, et qui fut supprimé en 1775. (B.)

  1. Le P. Daniel ne parle d’aucun de ces faits : c’est qu’il apprenait l’histoire de France à mesure qu’il l’écrivait. (Note de Voltaire.)
  2. L’Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV, de M. de Bury, par M. le marquis de B***, lu dans une séance d’Académie, auquel on a joint une pièce analogue, Genève, 1768, in-8°, a été attribué à Voltaire. Le ton sur lequel il en parle ici ne permet guère d’adopter cette opinion. J’ai vu un exemplaire de l’Examen, avec des notes de la main de Wagnière, secrétaire de Voltaire. Ces notes, où l’auteur de l’Examen est combattu sans ménagement, sont presque toutes reproduites dans l’édition de l’Examen, qui fait partie du tome II de l’Évangile du jour.

    La Pièce analogue, imprimée à la suite de l’Examen, est le morceau intitulé le président de Thou justifié (voyez les Mélanges, année 1766).

    Dans le chapitre XI de ses Fragments sur l’histoire générale (voyez les Mélanges, année 1773), Voltaire traite l’Examen de libelle, et en cite un passage qu’il avait déjà cité dans ses Questions sur l’Encyclopédie, au mot Quisquis. Il paraît que La Beaumelle, à qui, depuis son exil en Provence, il était défendu d’écrire, pria le marquis de Belestat de se laisser attribuer l’Examen. Si Voltaire eût été auteur de l’Examen, il ne l’aurait pas critiqué si souvent, ni si vivement. (B.)

  3. On commençait alors, en Europe, à s’apercevoir que les hommes avaient des droits antérieurs et supérieurs à toutes les lois positives. À la vérité, au lieu de chercher ces droits dans la nature, on les cherchait dans la Bible, dans la Mytho-