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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome16.djvu/638

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PIÈCES ORIGINALES.

applicables au cas présent, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, les saintes écritures de l’Évangile et des apôtres, comme aussi les canons et les règles des conciles, l’autorité des saints pères et des docteurs de l’Église ; prenant aussi des lumières des considérations des archevêques et du clergé assemblés à Pétersbourg par ordre de Sa Majesté czarienne, lesquelles sont transcrites ci-dessus ; et se conformant aux lois de toute la Russie, et en particulier aux constitutions de cet empire, aux lois militaires et aux statuts qui sont conformes aux lois de beaucoup d’autres États, surtout à celles des anciens empereurs romains et grecs, et d’autres princes chrétiens ; les soussignés ayant été aux avis, sont convenus unanimement, sans contradiction, et ils ont prononcé que le czarovitz Alexis Pétrovitz est digne de mort pour ses crimes susdits, et pour ses transgressions capitales contre son souverain et son père, étant fils et sujet de Sa Majesté czarienne ; en sorte que, quoique Sa Majesté czarienne ait promis au czarovitz, par la lettre qu’il lui a envoyée par M. Tolstoy, conseiller privé, et par le capitaine Romanzoff, datée de Spa le 10 juillet 1717, de lui pardonner son évasion s’il retournait de son bon gré et volontairement, ainsi que le czarovitz même l’a avoué avec remerciement dans sa réponse à cette lettre, écrite de Naples le 4 octobre 1717, où il a marqué qu’il remerciait Sa Majesté czarienne pour le pardon qui lui était donné seulement pour son évasion volontaire ; il s’en est rendu indigne depuis par ses oppositions aux volontés de son père, et par ses autres transgressions qu’il a renouvelées et continuées, comme il est amplement déduit dans le manifeste publié par Sa Majesté czarienne le 3 février de la présente année, et parce qu’entre autres choses il n’est pas retourné de son bon gré.

Et quoique Sa Majesté czarienne, à l’arrivée du czarovitz à Moscou, avec son écrit de confession de ses crimes, et où il en demandait pardon, eût pitié de lui, comme il est naturel à un père d’en avoir de son fils, et qu’à l’audience qu’elle lui donna dans la salle du château, le même jour 3 de février, elle lui promît le pardon de toutes ses transgressions, Sa Majesté czarienne ne lui fit cette promesse qu’avec cette condition expresse qu’elle exprima en présence de tout le monde, savoir : que lui czarovitz déclarerait, sans aucune restriction ni réserve, tout ce qu’il avait commis et tramé jusqu’à ce jour-là contre Sa Majesté czarienne, et qu’il découvrirait toutes les personnes qui lui ont donné des conseils, ses complices, et généralement tous ceux qui ont su quelque chose de ses desseins et de ses menées ; mais que, s’il celait quelqu’un ou quelque chose, le pardon promis serait nul et demeurerait révoqué ; ce que le czarovitz reçut alors et accepta, au moins en apparence, avec des larmes de reconnaissance, et il promit par serment de déclarer tout sans réserve. En confirmation de quoi il baisa la sainte croix et les saintes Écritures dans l’église cathédrale.

Sa Majesté czarienne lui confirma aussi la même chose de sa propre main le lendemain, dans les articles d’interrogatoire insérés ci-dessus, qu’elle lui fit donner, ayant écrit à leur tête ce qui suit :

« Comme vous avez reçu hier votre pardon, à condition que vous déclareriez toutes les circonstances de votre évasion et ce qui y a du rapport ; mais que, si vous celiez quelque chose, vous seriez privé de la vie ; et