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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome17.djvu/119

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ALCORAN, OU LE KORAN.

mahométan qui ait le bonheur de lire nos livres sacrés, et très peu de littérateurs parmi nous connaissent le Koran. Nous nous en faisons presque toujours une idée ridicule, malgré les recherches de nos véritables savants.

Voici les premières lignes de ce livre :

« Louanges à Dieu, le souverain de tous les mondes, au Dieu de miséricorde, au souverain du jour de la justice ; c’est toi que nous adorons, c’est de toi seul que nous attendons la protection. Conduis-nous dans les voies droites, dans les voies de ceux que tu as comblés de tes grâces, non dans les voies des objets de ta colère, et de ceux qui se sont égarés. »

Telle est l’introduction, après quoi l’on voit trois lettres, A, L, M, qui, selon le savant Sale, ne s’entendent point, puisque chaque commentateur les explique à sa manière ; mais selon la plus commune opinion elles signifient : Allah, Latif, Magid, Dieu, la grâce, la gloire.

Mahomet continue, et c’est Dieu lui-même qui lui parle. Voici ses propres mots :

« Ce livre n’admet point le doute, il est la direction des justes qui croient aux profondeurs de la foi, qui observent les temps de la prière, qui répandent en aumônes ce que nous avons daigné leur donner, qui sont convaincus de la révélation descendue jusqu’à toi, et envoyée aux prophètes avant toi. Que les fidèles aient une ferme assurance dans la vie à venir ; qu’ils soient dirigés par leur seigneur, et ils seront heureux.

« À l’égard des incrédules, il est égal pour eux que tu les avertisses ou non ; ils ne croient pas : le sceau de l’infidélité est sur leur cœur et sur leurs oreilles ; les ténèbres couvrent leurs yeux ; la punition terrible les attend.

« Quelques-uns disent : Nous croyons en Dieu, et au dernier jour ; mais au fond ils ne sont pas croyants. Ils imaginent tromper l’Éternel ; ils se trompent eux-mêmes sans le savoir ; l’infirmité est dans leur cœur, et Dieu même augmente cette infirmité, etc. »

On prétend que ces paroles ont cent fois plus d’énergie en arabe. En effet l’Alcoran passe encore aujourd’hui pour le livre le plus élégant et le plus sublime qui ait encore été écrit dans cette langue.

Nous avons imputé à l’Alcoran une infinité de sottises qui n’y furent jamais[1].

  1. Voyez l’article Arot et Mahot, (Note de Voltaire.)