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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome17.djvu/125

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ALCORAN, OU LE KORAN.

mérite, mais par la pure volonté de Dieu. C’est aussi par cette pure volonté divine qu’il ordonne que la cinquième partie des dépouilles sera toujours pour le prophète.

Il n’est pas vrai qu’il exclut du paradis les femmes. Il n’y a pas d’apparence qu’un homme aussi habile ait voulu se brouiller avec cette moitié du genre humain qui conduit l’autre. Abulfeda rapporte qu’une vieille l’importunant un jour, en lui demandant ce qu’il fallait faire pour aller en paradis : « M’amie, lui dit-il, le paradis n’est pas pour les vieilles. » La bonne femme se mit à pleurer, et le prophète, pour la consoler, lui dit : « Il n’y aura point de vieilles, parce qu’elles rajeuniront. » Cette doctrine consolante est confirmée dans le cinquante-quatrième chapitre du Koran.

Il défendit le vin, parce qu’un jour quelques-uns de ses sectateurs arrivèrent à la prière étant ivres. Il permit la pluralité des femmes, se conformant en ce point à l’usage immémorial des Orientaux.

En un mot, ses lois civiles sont bonnes ; son dogme est admirable en ce qu’il a de conforme avec le nôtre ; mais les moyens sont affreux : c’est la fourberie et le meurtre.

On l’excuse sur la fourberie, parce que, dit-on, les Arabes comptaient avant lui cent vingt-quatre mille prophètes, et qu’il n’y avait pas grand mal qu’il en parût un de plus. Les hommes, ajoute-t-on, ont besoin d’être trompés. Mais comment justifier un homme qui vous dit : « Crois que j’ai parlé à l’ange Gabriel, ou paye-moi un tribut ? »

Combien est préférable un Confucius, le premier des mortels qui n’ont point eu de révélation ! il n’emploie que la raison, et non le mensonge et l’épée. Vice-roi d’une grande province, il y fait fleurir la morale et les lois ; disgracié et pauvre , il les enseigne ; il les pratique dans la grandeur et dans l’abaissement ; il rend la vertu aimable ; il a pour disciple le plus ancien et le plus sage des peuples.

Le comte de Boulainvilliers, qui avait du goût pour Mahomet, a beau me vanter les Arabes, il ne peut empêcher que ce ne fût un peuple de brigands ; ils volaient avant Mahomet en adorant les étoiles ; ils volaient sous Mahomet au nom de Dieu. Ils avaient, dit-on, la simplicité des temps héroïques ; mais qu’est-ce que les siècles héroïques ? c’était le temps où l’on s’égorgeait pour un puits et pour une citerne, comme on fait aujourd’hui pour une province.

Les premiers musulmans furent animés par Mahomet de la rage de l’enthousiasme. Rien n’est plus terrible qu’un peuple qui.