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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome17.djvu/229

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ANA, ANECDOTES.



ANECDOTE SUR NICOLAS FOUQUET,
SURINTENDANT DES FINANCES.


Il est vrai que ce ministre eut beaucoup d’amis dans sa disgrâce, et qu’ils persévérèrent jusqu’à son jugement. Il est vrai que le chancelier qui présidait à ce jugement traita cet illustre captif avec trop de dureté. Mais ce n’était pas Michel Letellier, comme on l’a imprimé dans quelques-unes des éditions du Siècle de Louis XIV, c’était Pierre Séguier. Cette inadvertance d’avoir pris l’un pour l’autre est une faute qu’il faut corriger[1].

Ce qui est très remarquable, c’est qu’on ne sait où mourut ce célèbre surintendant[2] : non qu’il importe de le savoir, car, sa mort n’ayant pas causé le moindre événement, elle est au rang de toutes les choses indifférentes ; mais ce fait prouve à quel point il était oublié sur la fin de sa vie, combien la considération qu’on recherche avec tant de soins est peu de chose ; qu’heureux sont ceux qui veulent vivre et mourir inconnus. Cette science serait plus utile que celle des dates.


PETITE ANECDOTE.


Il importe fort peu que le Pierre Broussel pour lequel on fit les barricades ait été conseiller-clerc. Le fait est qu’il avait acheté une charge de conseiller-clerc parce qu’il n’était pas riche, et

  1. Voyez chapitre XXV du Siècle de Louis XIV.
  2. Il paraîtrait que ce fut à Pignerol, en 1680. La lettre de Bussy-Rabutin, datée du 25 mars de cette année ; celles de Mme de Sévigné, des 3 et 5 avril, ne laissent point de doute sur l’année : quant au lieu de la mort, il est à croire que c’est Pignerol ; c’est ce qu’on voit dans un opuscule intitulé Sur la mort du surintendant Fouquet, notices recueillies à Pignerol, par Modeste Parolletti. Turin, 1812, in-4°. L’auteur rapporte une procuration donnée par Mme Fouquet à J. Despineu, avocat, passée devant Lanteri, notaire royal à Pignerol, au donjon de la citadelle de Pignerol, le 27 janvier 1680. La présence de Mme Fouquet à Pignerol, et au donjon, ne pouvait guère avoir d’autre cause que la présence de son mari. (B.)