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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome17.djvu/516

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AUTEURS.

toute récente. Une messe basse est sans contredit quelque chose de très-respectable, puisqu’elle a été autorisée par l’Église. Elle n’est point du tout ancienne ; mais elle n’en exige pas moins notre vénération.

Il n’y a peut-être pas aujourd’hui une seule cérémonie qui ait été en usage du temps des apôtres. Le Saint-Esprit s’est toujours conformé au temps. Il inspirait les premiers disciples dans un méchant galetas ; il communique aujourd’hui ses inspirations dans Saint-Pierre de Rome, qui a coûté deux cents millions : également divin dans le galetas et dans le superbe édifice de Jules II, de Léon X, de Paul III, et de Sixte V[1].


AUTEURS[2].

Auteur est un nom générique qui peut, comme le nom de toutes les autres professions, signifier du bon et du mauvais, du respectable ou du ridicule, de l’utile et de l’agréable ou du fatras de rebut.

Ce nom est tellement commun à des choses différentes qu’on dit également l’Auteur de la nature et l’auteur des chansons du Pont-Neuf, ou l’auteur de l’Année littéraire.

Nous croyons que l’auteur d’un bon ouvrage doit se garder de trois choses : du titre, de l’épître dédicatoire, et de la préface. Les autres doivent se garder d’une quatrième, c’est d’écrire.

Quant au titre, s’il a la rage d’y mettre son nom, ce qui est souvent très-dangereux, il faut du moins que ce soit sous une forme modeste ; on n’aime point à voir un ouvrage pieux, qui doit renfermer des leçons d’humilité, par Messire ou Monseigneur un tel, conseiller du roi en ses conseils, évêque et comte d’une telle ville. Le lecteur, qui est toujours malin, et qui souvent s’ennuie, aime fort à tourner en ridicule un livre annoncé avec tant de faste. On se souvient alors que l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ n’y a pas mis son nom.

Mais les apôtres, dites-vous, mettaient leurs noms à leurs ouvrages. Cela n’est pas vrai ; ils étaient trop modestes. Jamais l’apôtre Matthieu n’intitula son livre Évangile de saint Matthieu : c’est un hommage qu’on lui rendit depuis. Saint Luc lui-même,

  1. Voyez, à l’article Église, la section intitulée De la primitive Église, etc. (Note de Voltaire.)
  2. Questions sur l’Encyclopédie, deuxième partie, 1770. (B.)