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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome17.djvu/563

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BAPTÊME.

être baptisé avec du sable ? on a répondu que non : si on pouvait baptiser avec de l’eau rose ? et on a décidé qu’il fallait de l’eau pure ; que cependant on pouvait se servir d’eau bourbeuse. On voit aisément que toute cette discipline a dépendu de la prudence des premiers pasteurs qui l’ont établie.

Les anabaptistes, et quelques autres communions qui sont hors du giron, ont cru qu’il ne fallait baptiser, initier personne, qu’en connaissance de cause. Vous faites promettre, disent-ils, qu’on sera de la société chrétienne ; mais un enfant ne peut s’engager à rien. Vous lui donnez un répondant, un parrain ; mais c’est un abus d’un ancien usage. Cette précaution était très-convenable dans le premier établissement. Quand des inconnus, hommes faits, femmes, et filles adultes, venaient se présenter aux premiers disciples pour être reçus dans la société, pour avoir part aux aumônes, ils avaient besoin d’une caution qui répondit de leur fidélité : il fallait s’assurer d’eux ; ils juraient d’être à vous ; mais un enfant est dans un cas diamétralement opposé. Il est arrivé souvent qu’un enfant baptisé par les Grecs à Constantinople a été ensuite circoncis par des Turcs ; chrétien à huit jours, musulman à treize ans, il a trahi les serments de son parrain. C’est une des raisons que les anabaptistes peuvent alléguer ; mais cette raison, qui serait bonne en Turquie, n’a jamais été admise dans des pays chrétiens, où le baptême assure l’état d’un citoyen. Il faut se conformer aux lois et aux rites de sa patrie.

Les Grecs rebaptisent les Latins qui passent d’une de nos communions latines à la communion grecque ; l’usage était dans le siècle passé que ces catéchumènes prononçassent ces paroles : « Je crache sur mon père et ma mère qui m’ont fait mal baptiser. » Peut-être cette coutume dure encore, et durera longtemps dans les provinces.

Idées des unitaires rigides sur le baptême[1].

« Il est évident pour quiconque veut raisonner sans préjugé que le baptême n’est ni une marque de grâce conférée, ni un sceau d’alliance, mais une simple marque de profession ;

« Que le baptême n’est nécessaire, ni de nécessité de précepte, ni de nécessité de moyen ;

« Qu’il n’a point été institué par Jésus-Christ, et que le chré-

  1. Ce morceau fut ajouté dans le Dictionnaire philosophique en 1767. (B.)