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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome18.djvu/351

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DÉNOMBREMENT.

aurez six cent cinquante-trois mille neuf cent trente-cinq hommes, auxquels il faut ajouter un nombre égal de vieillards, de femmes et d’enfants, ce qui composera deux millions six cent quinze mille sept cent quarante-deux personnes parties de l’Égypte.

Lorsque David, à l’exemple de Moïse, ordonna le recensement de tout le peuple[1], il se trouva huit cent mille guerriers des tribus d’Israël, et cinq cent mille de celle de Juda, selon le livre des Rois ; mais, selon les Paralipomènes[2], on compta onze cent mille guerriers dans Israël, et moins de cinq cent mille dans Juda.

Le livre des Rois exclut formellement Lévi et Benjamin ; et les Paralipomènes ne les comptent pas. Si donc on joint ces deux tribus aux autres, proportion gardée, le total des guerriers sera de dix-neuf cent vingt mille. C’est beaucoup pour le petit pays de la Judée, dont la moitié est composée de rochers affreux et de cavernes. Mais c’était un miracle.

Ce n’est pas à nous d’entrer dans les raisons pour lesquelles le souverain arbitre des rois et des peuples punit David de cette opération qu’il avait commandée lui-même à Moïse. Il nous appartient encore moins de rechercher pourquoi, Dieu étant irrité contre David, c’est le peuple qui fut puni pour avoir été dénombré. Le prophète Gad ordonna au roi, de la part de Dieu, de choisir la guerre, la famine, ou la peste ; David accepta la peste, et il en mourut soixante et dix mille Juifs en trois jours.

Saint Ambroise, dans son livre de la Pénitence, et saint Augustin, dans son livre contre Fauste, reconnaissent que l’orgueil et l’ambition avaient déterminé David à faire cette revue. Leur opinion est d’un grand poids, et nous ne pouvons que nous soumettre à leur décision, en éteignant toutes les lumières trompeuses de notre esprit.

L’Écriture rapporte un nouveau dénombrement du temps d’Esdras[3] lorsque la nation juive revint de la captivité. Toute cette multitude, disent également Esdras et Néhémie[4], « étant comme un seul homme, se montait à quarante-deux mille trois cent soixante personnes ». Ils les nomment toutes par familles, et ils comptent le nombre des Juifs de chaque famille et le nombre des prêtres. Mais non-seulement il y a dans ces deux auteurs des

  1. Livre II des Rois, chapitre xxiv. (Note de Voltaire.)
  2. Livre I des Paralipomènes, chapitre xxi, v. 5. (Id.)
  3. Livre I d’Esdras, chapitre ii, v. 64. (Id.)
  4. Livre II d’Esdras, qui est l’hist. de Néhémie, chapitre viii, v. 66. (Id.)