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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome20.djvu/272

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POURQUOI (LES).

Meaux, et du savant Huet, évêque d’Avranches ? C’est là que vous trouvez ces sublimes impiétés, ces vers admirables contre la Providence et contre l’immortalité de l’âme, qui passent de bouche en bouche à tous les siècles à venir :

Ex nihilo nihit, in nihilum nil posse reverti.

(Pers., Sat., iii, v. 84.)

Rien ne vient du néant, rien ne s’anéantit.

Tangere enim et tangi nisi corpus nulla potest res.

(Lucr., lib. I, v. 305.)

Le corps seul peut toucher et gouverner le corps.

Nec bene promeritis capitur, nec tangitur ira (Deus).

(Id., I. 62.)

Rien ne peut flatter Dieu, rien ne peut l’irriter.

Tantum relligio potuit suadere malorum !

(Id., 1, 10-2.)

C’est la religion qui produit tous les maux.

Consentire putaMortale æterno jungere, et una
Consentire putare et fungi mutua posse,
Desipere est.

(Id., III, 801-3.)

Il faut être insensé pour oser joindre ensemble
Ce qui dure à jamais et ce qui doit périr.

Nil igitur mors est, ad nos neque pertinet hilum.

(Lucr., III, 842.)

Cesser d’être n’est rien ; tout meurt avec le corps.

Mortalem tamen esse animam fateare necesse est.

(Id., III, 542.)

Non, il n’est point d’enfer, et notre âme est mortelle.

Hinc Acherusia fit stultorum denique vita.

(Id., III, 1036.)

Les vieux fous sont en proie aux superstitions.


et cent autres vers qui sont le charme de toutes les nations : productions immortelles d’un esprit qui se crut mortel.

Non-seulement on vous vend ces vers latins dans la rue Saint-