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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/26

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LETTRE À M. D***.

Pôles glacés, brûlants, où sa gloire connue
Jusqu’aux bornes du monde est chez vous parvenue.


Cet où sa gloire connue ne signifie que chez vous connue. Ainsi c’est une faute de dire ensuite chez vous parvenue et jusqu’aux bornes du monde. C’est une cheville qu’on a mise entre deux pour écarter encore plus la chose du sens commun.


Puisse la renommée, en louant ce grand roi,
Porter jusques à vous un rayon de sa foi.


J’aime à voir la renommée porter un rayon de foi.


Et de sa piété l’exemple se répandre !


L’exemple se répandre ! On a condamné dans un célèbre auteur cette façon de parler : répandre des exemples. À plus forte raison condamnera-t-on dans M. l’abbé du Jarry un exemple qui se répand.


Voyez non plus ce front où sur des traits guerriers
La sagesse triomphe au milieu des lauriers.


À présent il change de sentiment ; il veut ôter à Louis XIV non-seulement ses lauriers, mais encore la sagesse qui est empreinte sur son front, comme si en descendant du char de la victoire un héros chrétien en était moins sage. Voyez donc, dit-il, non plus ce front où la sagesse triomphe au milieu des lauriers.


Mais le roi qui descend du char de la victoire
Aime à voir devant Dieu disparaître sa gloire.


C’est une faute contre la construction ; il fallait dire le roi qui descend, etc., et qui aime, etc. ; ou plutôt il ne fallait rien dire de tout cela.

Je me lasse enfin de critiquer une pièce qui est si fort au-dessous de la critique. Je ne vous parlerai point du roi qui rend tout l’hommage au monarque des rois, de la comparaison de la couronne d’épine avec le chœur de Notre-Dame, des marques révérées de l’innocent contrit, de ce beau vers :


Le chef et le pied nud, l’œil, le front abattu ;


mais je ne puis m’empêcher de vous dire un petit mot de celui-ci :


La relique sans prix, vénérable aux mortels.