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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/323

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ET SUR SA PROPAGATION.

2° En frottant violemment des corps durs ;

3° En exposant tous les corps possibles au feu tiré de ces corps durs, comme aux charbons ardents, à la flamme, aux étincelles de l’acier, etc. ;

4° En mêlant des matières fluides, comme des espèces d’huiles qui fermentent ensemble avec explosion, et qui s’enflamment ;

5° En composant des phosphores avec des matières sulfureuses et salines qui s’enflamment à l’air, comme avec du sang, des excréments, de l’alun, de l’urine, etc., ou bien en faisant de la poudre fulminante, et autres opérations semblables.

Dans toutes ces opérations il est aisé de voir qu’on ne fait autre chose que d’ajouter un feu nouveau aux corps qui n’en ont point assez, ou de mettre en mouvement une quantité de feu suffisante qui était dans ces corps sans mouvement sensible.

ARTICLE  II.
comment le feu agit-il ?

Le feu étant une substance élémentaire répandue dans tous les corps, et jusque dans la glace la plus dure, ne peut agir sur ces corps qu’en agitant leurs parties. Si cette agitation est modérée, comme celle qu’un air tempéré communique aux végétaux, leurs pores ouverts reçoivent alors l’eau, l’air, et la terre, qui les entourent, et les quatre éléments, unis ensemble, étendent le germe de la plante qu’ils nourrissent. Si l’agitation est trop forte, les parties du végétal, désunies, sont dispersées, et tout peut en être aisément détruit, jusqu’au germe.

Ce mouvement, qui fait la vie et la destruction de tout, ne peut, ce me semble, être imprimé aux corps par le feu qu’en vertu de ces deux raisons-ci : ou parce qu’ils reçoivent une plus grande quantité de feu qu’ils n’en avaient, ou parce que la même quantité est mise dans un mouvement plus violent ; et comme une quantité de feu quelconque appliquée aux corps n’agit que par le mouvement, il est clair que c’est le mouvement seul qui échauffe, consume, et détruit les corps.

Il n’y a aucun corps sur la terre qui ait dans sa masse assez de feu pour faire de soi-même un effet sensible sans fermenter avec d’autres corps : voilà pourquoi du marbre et de la laine, du fer et des plumes, du plomb et du coton, de l’huile et de l’eau, du soufre et du sable, de la poudre à canon, appliqués au thermomètre, ensemble ou séparément, ne le font ni hausser, ni