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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/359

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VIE DE M. J.-B. ROUSSEAU.

Et pour faire le bel esprit,
Se mit à coucher par écrit
Des opéras, des comédies,
Des couplets remplis d’infamies,
Chantant ordures en tout lieu
Contre les serviteurs de Dieu.

Un jour en honnête maison
Il se vernissait d’un faux nom :
On l’honorait sans le connaître.
Son père vint chausser le maître ;
S’écrie, en le voyant : Mon fils !
Aussitôt le coquin s’enfuit.

Aussitôt entra dans son corps
Le diable nommé Couplegor ;
Son poil devint roux, son œil louche.
Il lui mit de travers la bouche ;
Et de sa bouche de travers
Sortaient des crapauds et des vers.

Un jour, chez M. Francinois,
Il y vomit tout à la fois
Des serpents avec des vipères.
Tout couverts d’une bile noire ;
Et chez monsieur l’abbé Piquant
Il en a vomi tout autant.

Or donc ayant mordu quelqu’un,
Qui n’était pas gens du commun,
Ses gens lui cassèrent les côtes
Avec une canne fort grosse.
Dont il eut très-grande douleur,
Tant sur le dos que sur le cœur.

Vous, père et mère, honnêtes gens,
À qui Dieu donna des enfants,
Gardez-vous bien qu’ils ne l’approchent
Vous en recevriez du reproche ;
Il les rendrait, pour votre ennui,
Aussi grands scélérats que lui.

Or, prions le doux Rédempteur
Qu’il marque au front cet imposteur,
Afin qu’on fuie ce détestable.
Comme le précurseur du diable ;