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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/398

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LE PRÉSERVATIF.

Le ciel, pour aborder cette rive étrangère,
Accorde à tout mortel une barque légère.

« Si ce port du bonheur, dit-il, est une rive étrangère, le bonheur n’est donc plus dans moi. » C’est raisonner très-mal, car l’art du pilote est dans moi, et l’on n’est heureux qu’autant que l’on conduit sagement sa barque. Un médisant, un ingrat, un calomniateur, un homme qui a des mœurs infâmes, conduit sa barque très-mal, et son malheur est dans lui,

XVI.

Nombre 167. Je prends toujours ces feuilles sans ordre, et la suite de numéro est inutile, puisque cet ouvrage est sans aucune liaison. Voici une preuve de son bon goût. « On m’a envoyé, dit-il, depuis peu une très-belle ode. On y fait ainsi parler les déistes :

Ils ont dit : De mille chimères
Une absurde combinaison,
Un tissu de sombres mystères,
Ne tient pas devant la raison.
Tranquille au haut de l’empyrée,
Par cette interprète sacrée,
Dieu daigna se manifester.
Loin de nous tout dogme apocryphe ;
La raison, voilà le pontife,
L’apôtre qu’il faut écouter. »

Toute l’ode est dans ce style, et c’est là le style de l’Observateur, dans un gros recueil de vers de sa façon, qu’il a donné Incognito au public[1] ; mais il dit que c’est ainsi qu’il faut écrire.

XVII.

Nombre 171. C’est avec le même goût qu’il donne les vers suivants pour une belle traduction de ce vers d’Horace[2] :

… Versus inopes rerum, nugæque canoræ.

  1. Les Poésies sacrées, traduites ou imitées des psaumes, 1717, in-12 ; 1718, in-12, ne portent pas le nom de l’auteur sur le frontispice ; mais l’épître dédicatoire est signée Desfontaines-Guyot, prêtre. La strophe qu’on vient de lire n’en fait point partie.
  2. Art poétique, 322.