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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/403

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LE PRÉSERVATIF.

XXV.

L’Observateur, nombre 69, parle de vers comme de guerre et de philosopbie ; il critique ce vers de M. Gresset[1].

 
Au sein des mers, dans une île enchantée.

« Le sein de la mer, dit-il, ne peut s’entendre de sa surface » ; il devrait au moins savoir qu’en poésie on dit : Au sein des mers, au lieu au milieu des mers ; au sein de la France, au lieu d’au milieu de la France ; au sein des beaux-arts dont on médit ; au sein de la bassesse, de l’envie, de l’ignorance, de l’avarice, etc.

XXVI.

Nombre 8. On m’apporte dans le moment cette feuille ; elle est curieuse, et mérite une attention singulière. Voici comme il parle d’un livre intitulé le Petit Philosophe :

« J’en ai trop dit pour vous faire mépriser un livre qui dégrade également l’esprit et la probité de l’auteur ; … c’est un tissu de sophismes libertins, forgés à plaisir pour détruire les principes de la morale, de la politique, et de la religion… Comment pourrait-on être séduit par un écrivain qui franchit toutes sortes de bornes, et qui avoue, d’un air cavalier, qu’il n’a étudié que dans les cafés et dans les cabarets[2] ? »

Ne croirait-on pas sur cet exposé que cet ouvrage, intitulé le Petit Philosophe, ou Alciphron, est la production de quelque coquin enfermé dans un hôpital pour ses mauvaises mœurs ? On sera bien surpris quand on saura que c’est un livre saint, rempli des plus forts arguments contre les libertins, composé par M. l’évêque de Cloyne, ci-devant missionnaire en Amérique[3]. Celui qui a fait cet infâme portrait de ce saint livre fait bien voir par là qu’il n’a lu aucun des livres dont il a la hardiesse de parler.

XXVII.

Ayant lu dans ces Observations plusieurs traits contre M. de Voltaire, et une lettre qu’il se vante que M. de Voltaire lui a

  1. Épître à ma muse, vers 222.
  2. Ce n’est pas tout à fait le texte des Observations ; il y a : « que dans les cercles, les cafés et les tavernes ? »
  3. Joncourt a traduit en français l’ouvrage de Berkeley, sous le titre de : Alciphron, ou le Petit Philosophe, 1734, deux volumes in-12.