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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/45

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REMARQUES
(PREMIÈRES)
SUR
LES PENSÉES DE PASCAL
(1728[1])


Voici des remarques critiques que j’ai faites depuis longtemps sur les pensées de M. Pascal. Ne me comparez point ici, je vous prie, à Ézéchias, qui voulut faire brûler tous les livres de Salomon. Je respecte le génie et l’éloquence de M. Pascal ; mais plus je les respecte, plus je suis persuadé qu’il aurait lui-même corrigé beaucoup de ces Pensées, qu’il avait jetées au hasard sur le papier

  1. C’est d’après la note de Voltaire lui-même (page 33) que j’ai mis aux Remarques la date de 1728. Les premières qui furent publiées ne virent cependant le jour qu’en 1734, parmi les Lettres philosophiques. La vingt-cinquième et dernière de ces Lettres contenait cinquante-sept remarques. Ce qui forme aujourd’hui les Remarques LVII à LXIV, ainsi que les huit autres remarques qui sont à la suite, se trouvent dans l’édition de 1742 des Œuvres de Voltaire. Toutes ces remarques y sont dans l’ordre que je leur conserve.

    J’ai, après leur intitulé, ajouté le mot Premières, pour les distinguer de celles que Voltaire donna cinquante ans plus tard, et qu’on trouve dans ces Mélanges, à l’année 1778. (B.)

    — S’autorisant de Voltaire, Beuchot a daté de 1728 la composition des premières Remarques sur Pascal ; et nous, d’après la même autorité, nous mettons à cet ouvrage le millésime de 1729. Beuchot emprunte sa date à une lettre citée dans la remarque VI, et justement Voltaire s’est trompé sur l’année où cette lettre lui fut écrite. Le philosophe dit qu’elle est de 1728 ; or, en 1728, il se trouvait encore à Londres, et il ne pouvait recevoir une lettre d’un ami demeurant, comme il le constate, dans un pays éloigné, puisqu’il était dans ce pays même et avec cet ami-là. L’Anglais Falkener a écrit de Londres à Voltaire revenu en France, et le rapatriement du proscrit est du mois de mars 1729 : voilà qui est certain. C’est donc dans sa retraite à Saint-Germain, chez le perruquier Chatillon, que, tout frais débarqué sous le nom de Sansons, le nouveau disciple de Locke s’en prit à Pascal. (G. A.)