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RÉPONSE
encore plus courte au troisième tome juif.

Après avoir repoussé d’injustes reproches et des calomnies, après avoir tantôt joué avec des futilités, tantôt brisé les traits mortels qu’elles renfermaient, il est temps de venger la France des outrages que monsieur le secrétaire lui prodigue dans son troisième volume, et toujours sous le nom de ses juifs. Je n’emploierai que quelques pages contre un livre entier.

I. — Du jubile.

Il ne s’agit plus ici d’un combat dans lequel un ennemi puisse se couvrir d’un bouclier divin, et percer son adversaire d’une flèche sacrée. D’abord, politiquement parlant, et non pas théologiquement argumentant, il s’agit de savoir si les lois hébraïques valent mieux que nos lois chrétiennes.

Au fait : le jubilé est-il préférable aux rentes sur l’Hôtel-de-Ville ? Je vous soutiens, monsieur, que vous-même vous aimeriez cent fois mieux vous faire une rente perpétuelle de cinq mille livres pour cent mille francs de fonds, que d’acheter un bien de campagne dont vous seriez obligé de sortir au bout de cinquante ans. Je suppose que vous êtes juif, que vous achetez une métairie cent arpents dans la tribu d’Issakar à l’âge de trente ans : vous l’améliorez, vous l’embellissez ; elle vaut, quand vous êtes parvenu à quatre-vingts ans, le double de ce qu’elle valait au temps de l’achat ; vous en êtes chassé, vous, votre femme, et vos enfants ; et vous allez mourir sur un fumier par la loi du jubilé.

Cette loi n’est guère plus favorable au vendeur qu’à l’acheteur, car il y a grande apparence que l’acheteur, obligé de déguerpir, n’aura pas sur la fin laissé la ferme en très bon état, La loi du jubilé paraît faite pour ruiner deux familles.

Ce n’est pas tout ; comptez-vous pour rien les difficultés prodigieuses de stipuler les conditions de ces contrats, d’évaluer un sixième, un septième de jubilé, et de prévenir les disputes inévitables qui doivent naître d’un tel marché ?

Comment aurait-on pu imaginer cette loi impraticable dans un désert, pour l’exécuter dans un petit pays de roches et de cavernes dont on n’était pas le maître, et qu’on ne connaissait