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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu/63

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PRÉCIS DU PROCÈS
DE M. LE COMTE DE MORANGIÉS
CONTRE LA FAMILLE VÉRON[1].
(1773)



Plusieurs personnes, qui cherchent le vrai en tout genre, ont désiré qu’après le procès criminel du comte de Lally on leur donnât un précis du procès civil et criminel que le comte de Morangiés a essuyé. Le voici :

La maison de Morangiés avait des dettes dont le comte de Morangiés, maréchal de camp, s’était chargé. Pour éteindre ces dettes, il voulut faire exploiter et vendre en détail une forêt dans le Gévaudan, laquelle a, dit-on, environ dix mille arpents d’étendue, et dont il pouvait disposer par un accord public avec les créanciers de sa maison. Il montre le plan de cette forêt, signé d’un arpenteur juré : il présente toutes les pièces nécessaires ; mais un homme endetté ne pouvait guère trouver de l’argent à Paris pour faire couper une forêt dans le Gévaudan.

Il s’adresse à une courtière d’usure. Cette courtière lui indique un jeune homme nommé Du Jonquay, que ses avocats disent très-bien né, petit-fils d’une veuve opulente, arrivé depuis un an de province, ayant travaillé quelques mois chez un procureur,

  1. Le début de ce Précis prouve qu’il est postérieur à la publication de la première partie des Fragments sur l’Inde, dont une réimpression contient en effet ce Précis. Il existe aussi du Précis une édition séparée en 30 pages in-8o. Voltaire parle de cet écrit dans ses lettres à Mme du Deffant, du 30 juillet, et à Richelieu, du 7 auguste 1773 ; voyez ci-après l’Avertissement de Beuchot, à la tête des Fragments historiques sur l’Inde.

    Morangiés venait d’être condamné par le bailliage. L’affaire allait revenir au parlement, qui devait prononcer la sentence définitive. Tous les défenseurs de l’officier redoublaient d’efforts.