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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/187

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Et les officiers de Saül lui dirent : tu vois qu’un mauvais soufle de Dieu te trouble ; s’il te plait, tes serviteurs iront chercher un joueur de harpe, afin que, quand le mauvais soufle de Dieu te troublera le plus, il touche de la harpe avec sa main, et qu’il te soulage… Saül dit à ses serviteurs : allez-moi chercher quelqu’un qui sache bien harper. Et l’un de ses serviteurs lui dit : j’ai vu un des fils d’Isaï de Bethléem, qui harpe fort bien ; c’est un jeune homme très fort et belliqueux, prudent dans ses paroles, fort beau, et Dieu est avec lui[1]. Saül fit donc dire à Isaï : envoye-moi ton fils qui est dans les pâturages. Isaï prit aussi-tôt un âne avec des pains, une cruche de vin et un chevreau, et les envoya à Saül par la main de son fils David… Saül aima fort David ; et il le fit son écuyer ; et toutes les fois que le mauvais soufle du seigneur rendait Saül maniaque, David prenait sa harpe, il en jouait, Saül était soulagé, et le soufle malin s’en allait[2]. Cependant les philistins assemblerent toutes leurs troupes pour le combat. Saül et les enfants d’Israël s’assemblerent aussi. Les philistins étaient sur une montagne, et les juifs étaient d’un autre côté sur une montagne. Et il arriva qu’un bâtard sortit du camp des philistins ; il était de Geth, et il avait six coudées et une palme de haut (douze pieds et demi) ; et il avait des bottes d’airain, et un grand bouclier d’airain sur les épaules. La hampe de sa lance était comme un grand bois des tisserands, et le fer de sa lance pesait six cents

    que celle d’un prêtre de village qui vient chez un paysan, avec une bouteille d’huile dans sa poche, oindre un petit garçon rousseau, et faire une révolution dans l’état. Mais il ajoute que cet état et ce petit garçon rousseau ne méritaient pas un autre historien. Nous laissons ces blasphêmes pour ce qu’ils valent.

  1. les commentateurs exaltent ici le pouvoir de la musique. Calmet remarque, que Terpandre appaisa une sédition en jouant de la lyre ; et il cite Henri étienne, qui vit dans la tour d’Angleterre un lion quitter son dîner pour entendre un violon. Ces exemples sont assez étrangers à la maladie de Saül. Le soufle malin de Dieu, c’est-à-dire un soufle très-malin, une espece de possession, l’avait rendu maniaque, et, selon plusieurs commentateurs, Dieu l’avait abandonné au diable. Mais il est prouvé que les juifs ne connaissaient point encore d’esprit malin, de diable qui s’emparât du corps des hommes ; c’était une doctrine des chaldéens et des persans ; et jusqu’ici il n’en est pas encore question dans les livres saints.
  2. les commentateurs remarquent que c’était un don particulier, communiqué de Dieu à David, de guérir les accès de folie dont Saül était attaqué. Mais en même temps ils veulent expliquer si ce don était la suite de son sacre, et de l’huile que Samuel avait répandu sur sa tête.