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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/219

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Le roi Salomon fit aussi un trône d’yvoire revêtu d’un or très pur. Tous les vases dans lesquels Salomon buvait étaient aussi d’or ; et toute sa vaisselle, et tous les meubles de sa maison du Liban, étaient d’un or très pur. On lui amenait aussi une quadrige d’égypte pour six cents sicles d’argent, et chaque cheval pour cent cinquante sicles[1]. Et il eut sept cents femmes qui étaient reines, et trois cents concubines… et comme il était déjà vieux, elles séduisirent son cœur pour lui faire adorer des dieux étrangers… il bâtit alors un temple à Chamos sur la montagne qui est auprès de Jérusalem…[2]. Cependant le roi Salomon aima plusieurs femmes étrangeres, et la fille aussi de pharaon, et des moabites, et des ammonites ; et des iduméennes et des sidoniennes, et des héthéennes… Salomon eut donc copulation avec ces femmes d’un amour véhémentissime… or le seigneur suscita Adad l’iduméen, de race royale, qui était dans édom… Dieu suscita aussi pour ennemi à Salomon Razon fils d’Héliadad… qui fut ennemi d’Israël pendant tout le regne de Salomon, et qui régna en Syrie[3]. Jéroboam, fils de Nabath, leva aussi la main contre le roi. Or Jéroboam était un homme courageux, fort, et puissant. Et il arriva dans ce temps-là que Jéroboam, sortant de Jérusalem, rencontra dans son chemin Ahias le prophete, qui avait

  1. mettons le sicle d’argent à un écu de France de trois livres. Salomon n’achetait pas cher ses chevaux dans un temps où l’on marchait sur l’or et sur l’argent dans les rues de Jérusalem. L’égypte ne nourrissait gueres de chevaux. Que ne les fesait-il venir d’Arabie ? Et de Perse ? Ne savait-il pas que la plupart des chevaux d’égypte deviennent tous aveugles en peu de temps ?
  2. il semble assez prouvé que les juifs n’avaient point encore de culte fixe et déterminé. S’ils en avaient eu, Jacob et ésaü n’auraient point épousé des filles idolâtres ; Samson n’aurait point épousé une philistine ; Jephté n’aurait point dit, que tout ce que le dieu Chamos avait conquis pour son peuple lui appartenait de droit. Il est très vraisemblable qu’aucun des livres juifs, tels qu’ils nous sont parvenus, n’était encore écrit. Il était fort indifférent que Salomon adorât un dieu sous le nom de Chamos, ou de Moloch, ou de Milkon, ou d’Adonaï, ou de Sadaï, ou de Jéhova.
  3. ce Rason roi de Syrie, qui fit tant de peine à Salomon pendant tout son regne en Judée, démontre évidemment que l’auteur sacré se contredit grossiérement quand il dit que Salomon régna de l’Euphrate à la Méditerranée. Les contradictions sont fréquentes dans l’auteur sacré.