Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/355

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A M. DU M

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��MEMBRE DE PLUSIEURS ACADEMIES,

��SUR PLUSIEURS ANECDOTES^

��Puisque vous n'avez pu, mon ami, obtenir une chaire de professeur d'arabe, demandez-en une cVantichc coglioncrie. 11 y en a plusieurs d'établies, sinon sous ce titre, au moins dans ce goût. Il serait fort amusant de nous faire voir s'il est vrai que nous avons pris des anciens- tout ce que nous croyons avoir inventé, comme Réaumur a inventé l'art de faire éclore des poulets sans poules, cinq ou six mille ans après que cette méthode commença en Egypte. Il y a des gens qui ont vu tout le système de Copernic chez les anciens Chaldéens; mais ce qui serait bien plus plaisant, ce serait de voir tous nos bons contes modernes pillés de la plus haute antiquité orientale,

La Matrone d'Êphèse, par exemple, a été mise en vers par La Fontaine en France, et auparavant en Italie, On la retrouve dans Pétrone, et Pétrone l'avait prise des Grecs. Mais où les Grecs l'avaient-ils prise ? Des contes arabes. Et de qui les conteurs arabes la tenaient-ils? De la Chine. Vous la verrez dans des contes chi- nois, traduits par le P. Dentrecolles, et recueillis par le P, Duhalde; et ce qui mérite bien vos réflexions, c'est que cette histoire est bien plus morale chez les Chinois que chez nos traducteurs.

��1. Les éditeurs de Kehl, en publiant ce morceau, ne lui ont donné aucune date; mais il est postérieur aux Lettres chinoises, etc., où Voltaire (lettre xi, tome XXIX, page 489) a parlé du conte philosophique concernant Alexandre (voyez ci-après page 348). Le M. du M***, à qui est censé adressé cet opuscule, ne peut être Du Molard, mort en 1772 (voyez tome V, page 1G7).

2. C'est en 1776 que parut la seconde édition des Recherclies sur l'oriyinc des découvertes attribuées aux modernes, par L. Dutens, auteur dont il est questioa tome XX, page 471; et XXVUI, 463.

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