Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
171
ANNÉE 1727.

engine in England to take a clyster, which is a master-piece of art, for you may carry it in your fob and make use of it whenever and in what place you please. If ever I enjoy the pleasure of seeing you again, be sure to have half a dozen of those delightful engines. Farewell, do not talk of the occasional writer. Do not say it is not of my lord Bolingbroke ; do not say it is a wretched performance : you cannot be judge neither of the man nor of this writing. Adieu, mon très-cher ami.

Je viens d’écrire un thème anglais au chevalier des Alleurs. J’ai adressé la lettre quai des Théatins ; s’il ne l’a pas reçue, il faut l’en avertir, et qu’il ne la perde point, car j’y ai mis toute ma médecine. Adieu, portez-vous bien.

Non vivere, sed valere vita.

If you want to enter into a course of strict diet, begin soon and keep it long.

To morrow I will live, the fool does say.
To day’s too late, the wise liv’d yesterday.

I am the fool, be the wise and farewell[1].


  1. Traduction :

    Près de Londres, le 27 mai (nouveau style) 1727.


    Mon cher Thieriot, j’ai reçu bien tard, à la campagne où je suis retiré, votre aimable lettre du 1er avril. Vous ne sauriez imaginer avec quel chagrin j’ai lu le compte que vous me rendez de votre maladie ; mon amitié, pour ce qui vous regarde, passe les limites d’une amitié ordinaire. Rappelez-vous du temps où je vous écrivais que je pensais que vous deviez avoir la fièvre parce que je sentais le frisson, ce temps est revenu. J’étais très-malade en Angleterre tandis que vous souffriez tant en France, et votre absence ajoutait encore plus d’amertume à mes souffrances. À présent j’espère que vous êtes mieux, puisque je commence à revivre.


    J’apprends que Monsieur Gulliver vient d’être traduit, et qu’il réussit passablement. Je souhaite que cette traduction soit de vous, mais j’ai bien peur que l’abbé* ne vous ait devancé, et qu’il ne vous ait enlevé le profit qu’un tel ouvrage vous eut rapporté. Vous devez avoir reçu deux exemplaires adressés à Mme de Bernières, de Calais, et envoyés par la voiture publique. Si vous êtes sérieusement dans l’intention de traduire quelque ouvrage qui en vaille la peine, je vous conseille d’attendre encore un mois ou deux, de prendre soin de votre santé, de vous fortifier dans la langue anglaise et de donner le temps à l’ouvrage de M. Pemberton de paraître. Cet ouvrage est une explication claire et précise de la philosophie de sir Isaac Newton, qu’il entreprend de rendre intelligible aux hommes les plus irréfléchis et les moins exercés dans ce genre. Il semblerait que l’auteur ait voulu principalement écrire pour votre nation.


    Si je suis encore en Angleterre quand l’ouvrage sera publié, je ne perdrai pas un moment pour vous l’envoyer ; si j’en suis parti à cette époque, comme cela est vraisemblable, j’ordonnerai à mon libraire de vous envoyer le livre à la première occasion. Je pense qu’il sera facile de le traduire, le style en étant fort simple et