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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/194

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Je suis, avec la plus haute estime et la plus parfaite reconnaissance, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.



177. — À MADAME LA DUCHESSE DU MAINE.

1727.

Toutes les princesses malencontreuses, qui furent jadis retenues dans les châteaux enchantés par des nécromans, eurent toujours beaucoup de bienveillance pour les pauvres chevaliers errants à qui même infortune était advenue. Ma Bastille, madame, est la très-humble servante de votre Châlons[1] ; mais il y a une très-grande différence entre l’une et l’autre :

Car à Châlons les Grâces vous suivirent,
Les Jeux badins prisonniers s’y rendirent ;

Et tous ces enfants éperdus
Furent bien surpris quand ils virent

La Fermeté, la Paix, et toutes les vertus,

Qui près de vous se réunirent.

Cet aimable assemblage, si précieux et si rare, vous asservit les cœurs de tous les habitants.

On admira sur vos traces
Minerve auprès de l’Amour.

Ah ! ne leur donnez plus ce Châlons pour séjour ;

Et que les Muses et les Grâces

Jamais plus loin que Sceaux n’aillent fixer leur cour.

Vous avez, dit-on, madame, trouvé dans votre château le secret d’immortaliser un âne.

Dans ces murs malheureux votre voix enchantée
Ne put jamais charmer qu’un âne et les échos :

On vous prendrait pour une Orphée ;

 
Mais vous n’avez point su, trop malheureuse fée,

Adoucir tous les animaux.

Puissiez-vous mener désormais une vie toujours heureuse, et que la tranquillité de votre séjour de Sceaux ne soit jamais interrom-

  1. Ce fut en mai 1719 que la petite-fille du grand Condé, Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon, fut transférée du château de Dijon à Châlons. Voltaire était en correspondance avec cette princesse, à qui il dédia Oreste.