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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/320

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Je vous cite toujours des vers ; mais je crois que vous ne haïssez pas des bribes de Lucrèce.


288. — Á M. DE MAUPERTUIS.
Fontainebleau, 8 novembre.

Pardon, monsieur, mes tentations sont allées au diable, d’où elles venaient. Votre première lettre m’a baptisé dans la religion newtonienne ; votre seconde m’a donné la confirmation. En vous remerciant, de vos sacrements. Brûlez, je vous prie, mes ridicules objections : elles sont d’un infidèle. Je garderai à jamais vos lettres : elles sont d’un grand apôtre de Newton : lumen ad revelationem gentium[1].

Je suis avec bien de l’admiration, de la reconnaissance, et de la honte, votre très-humble et indigne disciple.


289. — Á MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[2].
Le…

Vous m’avez proposé, madame, d’acheter une charge d’écuyer chez Mme la duchesse du Maine ; et, ne me sentant pas assez dispos pour cet emploi, j’ai été obligé d’attendre d’autres occasions de vous faire ma cour. On dit qu’avec cette charge d’écuyer il en vaque une de lecteur ; je suis bien sûr que ce n’est pas un bénéfice simple chez Mme du Maine comme chez le roi. Je voudrais de tout mon cœur prendre pour moi cet emploi ; mais j’ai en main une personne qui, avec plus d’esprit, de jeunesse, et de poitrine, s’en acquittera mieux que moi.

Voici, madame, une occasion de montrer la bonté de votre cœur et votre crédit. La personne dont je vous parle est un jeune homme nommé M. l’abbé Linant, à qui il ne manque rien du tout que de la fortune. Il a auprès de vous une recommandation bien puissante : il est ami de M. de Formont, qui vous répondra de son esprit et de ses mœurs. Je ne suis ici que le précurseur de M. de Formont, qui va bientôt obtenir cette grâce de vous ; et je vous en remercierai comme si c’était à moi seul que vous l’eussiez faite. En vérité, si vous placez ce jeune homme, vous ferez une action charmante ; vous encouragerez


  1. Luc, II, 32.
  2. Marie de Vichy-Champrond, épouse du marquis du Deffant, née en 1697, morte en 1780.