Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est ce qu’Horace écrivait à l’autre Cideville ; et cela ne veut dire autre chose sinon, quand vous aurez jugé vos procès, vous recommencerez votre opéra.

On a rejoué ici Zaïre ; il y avait honnêtement de monde, et cela fut assez bien reçu, à ce qu’on m’a dit. Il n’en est pas de même de Biblis[1] et de son frère Caunus ; mais on y va, quoiqu’on en dise du mal. L’Opéra est un rendez-vous public où l’on s’assemble à de certains jours, sans savoir pourquoi : c’est une maison où tout le monde va, quoiqu’on dise du mal du maître, et qu’il soit ennuyeux. Il faut, au contraire, bien des efforts pour attirer le monde à la Comédie ; et je vois presque toujours que le, plus grand succès d’une bonne tragédie n’approche pas de celui d’un opéra médiocre.

La comédie de la cour[2] et du parlement vient de finir par un acte fort agréable, où tout le monde paraît content. Ce n’est pas que l’intrigue de la pièce ne puisse recommencer, mais je ne me mêle pas de ces farces-là.

Un jeune conseiller de nos enquêtes, nommé M. de Montessu[3] avait pris le parti de ne point aller au lieu que le roi lui avait donné pour sa retraite, et s’était tapi, à Paris, chez la demoiselle Lacote, comédienne assez médiocre, mais assez jolie p…. Il est mort incognito, de la petite vérole, au grand étonnement des connaisseurs, qui s’attendaient à un autre genre de maladie.

À propos de comédienne, si vous n’avez point vu mes petits versiculets[4] pour la demoiselle Gaussin, je vous les enverrai. Vous avez des droits sur mes ouvrages, et vous en aurez sur moi toute ma vie.

Mandez-moi un peu, je vous prie, si vous avez vu l’épouse de Gilles Bernières, et si monsieur le marquis[5] se trouve bien de son ménage. Monsieur le marquis ne m’a pas écrit un petit mot. V.


292. — Á M. DE FORMONT.
À Paris, ce samedi… novembre.

Il y a mille ans, mon cher Formont, que je ne vous ai écrit ; j’en suis plus fâché que vous. Vous me parliez, dans votre der-

  1. Opéra joué le 6 novembre 1732, paroles de Fleury, natif de Lyon, mort en 1746, musique de Lacoste.
  2. Voyez tome XVI, page 76.
  3. Durand de Montessu, de la deuxième chambre des enquêtes.
  4. Voyez, tome X, page 279, l’épître à Mlle Gaussin (1732).
  5. Augot, marquis de Lézeau, dont la mère est mentionnée dans la lettre 91,