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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/335

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Cette richesse de paroles
Sans le clinquant des hyperboles,
Ces tons heureux et délicats
Qui font des riens les plus frivoles
Des choses dont on fait grand cas.

Sans entrer dans un inventaire plus exact de tous vos meubles et immeubles, je vous dirai que j’ai trouvé dans votre lettre à M. de Formont les raisonnements les plus solides sur le libre arbitre, joints au badinage le plus charmant.

Vous me prouvez plus que jamais qu’une certaine délicatesse qui se sent mieux qu’elle ne se définit fait le caractère de vos esprits, et comme la marque de l’ouvrier, qui distingue le style des femmes d’avec le nôtre.

Un des Quarante peut arranger un volume ;
Quelquefois le bon sens fait un livre précis :
C’est là le sort de nos esprits ;
Mais, chez nous comme en vos écrits,
Sexe aimable, l’amour tient-il toujours la plume ?

Nous avons quelquefois votre solidité, mais presque jamais votre finesse ; vous savez donner à la philosophie des grâces qui la parent.

Vous prêchez pour la liberté
Bien mieux que Locke et son grimoire ;
Mais, prouvant à votre auditoire
Le droit du choix, si contesté,
Vous l’en privez en vérité,
Car qui peut ne pas vous en croire[1] ?

Dans vos mains les matières les plus abstraites prennent le ton amusant et persuasif · · · · ·

(le reste manque)

302. — Á M. DE FORMONT.
Décembre.

Vos confitures ont été reçues avec reconnaissance, et vos vers avec transport, comme vous le seriez vous-même. Ils vous ressemblent, mon cher Formont, ils sont pleins de justesse et d’esprit. Tout le monde croira, avec raison, que, si je ne vous réponds qu’en prose, c’est parce que je sens mon impuissance, et que je me défie de moi. Mais il y a encore une autre raison, c’est que je n’ai pas un instant dont je puisse disposer. Je re-

  1. Les vers qui font partie de cette lettre sont déjà tome X, pages 497-498.