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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/405

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369. — Á M. LE COMTE DE SADE[1].
Ce lundi…

Voilà une fort mauvaise copie d’Adélaïde ; mais je n’en ai pas d’autre. Vous n’aurez pas besoin de mes vers pour vous amuser en chemin. Votre imagination et votre compagne de voyage vous mèneraient au bout du monde. Cependant prenez toujours ce chiffon de tragédie, pour les quarts d’heure où vous voudrez lire des choses inutiles. Si vous voulez en procurer une lecture au petit Gnome[2], correspondant des savants, vous êtes le maître. Quand vous serez arrivé à Toulouse, voyez, je vous en prie, mon ami d’Aigueberre[3], conseiller au parlement ; je le crois au fond digne de vous, quoiqu’il n’ait pas de brillant. Vous lui ferez lire cette pièce ; mais point de copie. Adieu ; bon voyage. Mille respects, tendre amitié.


370. — Á M. LE MARQUIS DE CAUMONT[4].
À Paris, ce 25 octobre…

J’avais mis, monsieur, à la diligence de Lyon, un paquet contenant deux Henriade à votre adresse, à Avignon. J’ai renvoyé à la diligence sur la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et j’ai trouvé que le paquet n’était point parti, ces messieurs disant pour raison qu’il aurait fallu l’adresser à Lyon à quelqu’un de connu dans la ville. M. de Malijac, que vous m’avez indiqué, m’a tiré d’embarras ; j’ai été chez lui, et j’ai eu l’honneur de lui remettre le paquet pour vous. J’ai gagné beaucoup à cela. M. de Malijac m’a paru un homme très-aimable. Il a un fils dont il me semble qu’on peut dire : Gratior et pulchro veniens in corpore virtus. Mais j’ai bien peur, monsieur, que vous n′ayez pas sitôt cette pauvre Henriade. Il me paraît que le minis-

  1. Jean-Baptiste-François-Joseph, comte de Sade, né en 1700, frère de l’abbé à qui la lettre du 29 août est adressée. Il était aide-de-camp du maréchal de Villars quand il épousa, le 13 novembre 1733, Marie-Éléonore de Maillé de Kerman, ou Carman, née en 1712. Il fut ensuite colonel-général de la cavalerie du pape, dans l’État d’Avignon, et, plus tard, lieutenant-général des provinces de Bresse, Gex, Valromei, etc. (Cl.)
  2. Le marquis de Caumont. Voyez la note 1 de la page 378.
  3. Jean Dumas d’Aigueberre était conseiller au parlement de Toulouse. Voltaire avait vu Mme du Chàtelet enfant chez le baron de Breteuil, et il l’avait ensuite perdue de vue ; ce fut d’Aigueberre qui lui fit renouveler connaissance avec elle, en 1733. (Cl.)
  4. Communiquée par M. Ch. Romey ; voyez n° 364. (B.)