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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/461

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Pour Jore, je le crois en cendres. Je n’entends point parler de lui. À l’égard de la copie de la lettre[1] que je vous envoyai, il y a un mois, c’était uniquement pour vous amuser, vous et deux ou trois honnêtes gens. Avez-vous pu penser un moment que ces mystères soient faits pour les profanes ?

Odi profanum vulgus, et arceo.

(Hor., lib. III, od. i.)

Mille tendres compliments à tous nos amis. Adieu ; je vous embrasse mille fois ; adieu, mon cher ami. V.


422. — Á M. DE FORMONT.
Ce 24 juillet.

Ah ! que j’aime votre leçon !
Ah ! qu’il est doux d’en faire usage,
Pâmé dans les bras de Manon,
Ou folâtrant avec un page ;
De passer les jours doucement
À se contenter, à se plaire,
Plutôt que d’aller hautement
Choquer les erreurs du vulgaire !

Je n’irai pas plus loin, car voilà, mon cher ami, la trentième lettre[2] que j’écris aujourd’hui. Je suis excédé des fatigues d’un voyage et de celle d’écrire. Je sens pourtant que mes forces reviennent avec vous. Votre lettre est datée d’un mercredi à Canteleu ; mais, comme il y a un mois que je mène une vie errante, je ne sais si ce mercredi était en juin ou en juillet. Votre ami, dont la dernière lettre est du 27 juin, ne me parle point de la brûlure du ballot. Il faut apparemment que ce grand exemple de justice n’ait été fait que depuis peu.

Parve, nec invideo, sine me, liber, ibis in ignem.

(Ovid., Trist., liv. I, elog. i.)

Toute la terre me persécute. Il n’y a pas jusqu’au petit marquis, c’est le petit Lézeau que je veux dire, qui se mêle de vouloir que j’aille à la messe, en cas que je vienne passer quelque temps dans les terres de ce seigneur. Mon cher Formont, j’aimerais mieux entendre vêpres et la grand’messe avec vous que d’entendre seu-

  1. La lettre à La Condamine, du 22 juin.
  2. De ces trente lettres, il n’en reste que deux.