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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/514

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482. – M. THIERIOT,
à paris.
Lunéville, le 15 mai.

Mon cher correspondant, me voici dans une cour sans être courtisan. J’espère vivre ici comme les souris d’une maison, qui ne laissent pas de vivre gaiement sans jamais connaître le maître ni la famille. Je ne suis pas fait pour les princes, encore moins pour les princesses. Horace a beau dire :

Principibus placuisse viris non ultima laus est,

(Liv. I, ep. xvii, v. 35.)

je ne mériterai point cette louange. Il y a ici un excellent physicien, nommé M. de Varinge[1], qui, de garçon serrurier, est devenu un philosophe estimable, grâce à la nature et aux encouragements qu’il a reçus de feu M. le duc de Lorraine, qui déterrait et qui protégeait tous les talents. Il y a aussi un Duva[2] bibliothécaire, qui, de paysan, est devenu un savant homme, et que le même duc de Lorraine rencontra un jour gardant les montons et étudiant la géographie. Vous croyez bien que ce seront là les grands de ce monde à qui je ferai ma cour ; joignez-y un ou deux Anglais pensants qui sont ici, et qui, dit-on, s’humanisent jusqu’à parler. Je ne crois pas qu’avec cela j’aie besoin de princes ; mais j’aurai besoin de vos lettres. Je vous prie de ne pas oublier votre philosophe lorrain[3], qui aime encore les rabâchages de Paris, surtout quand ils passent par vos mains.


483 – Á M. L’ABBÉ ASSELIN[4].
24 mai 1735

Que devient Jules César, monsieur ? Je vous réitère mes remerciements de l’honneur que vous voulez bien lui faire, et mes prières d’empêcher qu’on n’en prenne copie et que l’ouvrage ne devienne public. Oserai-je m’adresser à vous pour vous supplier de vouloir bien me donner quelque espèce de domestique,

  1. Philippe Vairinge, né à Nouillompont, le 20 septembre 1684, mort en 1746.
  2. Voyez la note tome XVII, page 448.
  3. Voltaire.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.