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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/17

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Il flatta la sottise altière
De celui qui dans sa chaumière
Se dit issu de Witikind ;
Aux huguenots il fit accroire
Qu’il était bon luthérien ;
Au papiste, à l’ignatien,
Il dit qu’un jour il pourrait bien
Leur faire en secret quelque bien,
Et croire même au purgatoire.
Il dit, et chaque citoyen
À sa santé s’en alla boire.
Ils criaient tous à haute voix
Vivons et buvons sous ses lois.
Mais, tandis qu’on tient ce langage,
Que de fleurs on couvre ses pas,
Il part, et son brillant courage
Appelle déjà les combats.
Va donc préparer ta trompette,
Et tes lauriers et tes crayons.
Un héros exige un poëte,
Des exploits veulent des chansons.
Celèbre ce héros qu’on aime ;
Fais des vers dignes de mon roi.

le questionneur.

Pardieu, qu’il les fdbse lui-méme
Il sait les faire mieux que moi.

J’avoue, sire, que j’attends au moins un huitain du vainqueur de la Silésie. J’aime à voir mon héros toucher aux deux extrémités à la fois.

À peine fus-je arrivé à Bruxelles que j’allai à Lille avec Mme du Châtelet. J’y vis un opéra français assez passable pour Votre Majesté elle remarquera seulement si une nation qui a des opéras dans ses places frontières n’est pas faite pour la joie. J’y vis aussi la comédie de La Noue[1], à laquelle il comptait beaucoup réformer et ajouter, pour la rendre digne de divertir un connaisseur tel que mon roi.

Si, après avoir donné des lois à l’Allemagne, Votre Majesté veut, quelque jour, se réjouir à Berlin (ce qui n’est pas un mauvais parti), qu’elle remercie la petite Gautier[2].

  1. La tragédie de Mahomet II.
  2. Mlle Gautier, après avoir vécu quelques années avec La Noue, épousa, en 1751, l’acteur Drouin. Elle est connue au théâtre sous le nom de Mme Drouin. Elle