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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/170

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Sur le plus friand minois.
Qui soit aux murs de Bruxelles.

Ces yeux, sire, et ce très-joli visage, appartiennent à Mme de Walstein, ou Wallenstein, l’une des petites-nièces de ce fameux duc de Walstein que l’empereur Ferdinand[1] fit si promptement tuer, au saut du lit, par quatre honnêtes Irlandais : ce qu’il n’eût pas fait assurément s’il avait pu voir sa petite-nièce.


Je lui demandai pourquoi
Ses beaux yeux versaient des larmes.
Elle, d’un ton plein de charmes,
Dit « C’est la faute du roi. »

— Les rois font de ces fautes-là quelquefois, répondis-je ils ont fait pleurer de beaux yeux, sans compter le grand nombre des autres qui ne prétendent pas à la beauté.


Leur tendresse, leur inconstance,
Leur ambition, leurs fureurs,
Ont fait souvent verser des pleurs
En Allemagne comme en France.

Enfin j’appris que la cause de sa douleur vient de ce que le comte de Furstemberg est pour six mois les bras croisés, par l’ordre de Votre Majesté, dans le château de Wesel. Elle me demanda ce qu’il fallait qu’elle fît pour le tirer de là. Je lui dis qu’il y avait deux manières la première, d’avoir une armée de cent mille hommes, et d’assiéger Wesel, la seconde, de se faire présenter à Votre Majesté, et que cette façon-là était incomparablement la plus sûre.


Alors j’aperçus dans les airs
Ce premier roi de l’univers,
L’Amour, qui de Walstein vous portait la demande,
Et qui disait ces mots, que l’on doit retenir :
Alors qu’une belle commande,
Les autres souverains doivent tous obéir.


1537. À M. THIERIOT.
À Bruxelles, le 9 octobre.

J’ai reçu votre lettre du 2 d’octobre mais pour celle du 12 septembre, il était fort difficile qu’elle me parvint, attendu

  1. Ferdinand II. — L’assassinat de Wallenstein eut lieu le 15 février 1634 ; voyez les Annales de l’Empire (tome XIII, page 577).