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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/173

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C’est ce temple dont vous jouirez lorsque vous le voudrez bien, et dont, en attendant, les instructions et les plaisirs sortiront pour nous autres.

J’attends tous les jours les beaux antiques[1] de l’abbé de Polignac,


Que Polignac, ce savant homme,
Escamota jadis à Rome,
Et qu’aux yeux du monde surpris
Nous escamotons à Paris.

J’ai admiré l’Épitre dédicatoire de Mahomet : elle est pleine de réflexions vraies et d’allusions très-fines.


Le zèle enflammé des bigots
Nous vaut parfois de vos bons mots ;
Leurs sottises, leurs momeries,
Leur Vierge, leurs saints, leurs folies,
Et le non-sens de leurs héros,
Leurs fourbes et leurs tromperies,
Et leurs saintes supercheries,
Mériteraient que leurs chapeaux
Fussent tout ornés de grelots ;
Que du saint-père jusqu’au diacre,
Au lieu de tonsure et de sacre,
On eut tranché certains morceaux
Qui, par le vœu de pucelage,
Chez eux ne sont d’aucun usage,
Et scandalisent leurs égaux.

Je ne connais pas Mme de Walstein ; je sais bien que son soi-disant neveu a eu de très-mauvais procèdes avec ses supérieurs, et que même il a voulu se battre à toute force.

Faites des vers et des histoires à l’infini, mon cher Voltaire, vous ne rassasierez jamais le goùt que j’ai pour vos ouvrages, ni ne tarirez jamais la source de ma reconnaissance. Adieu.

Féderic.

1539. — À M. L’ABBÉ AUNILLON[2].
Octobre.

Allah illah ! allah ; Mohammed rezoul, allah !

Je baise les barbes de la plume du sage Aunillon[3], fils d’Aunillon, resplendissant entre tous les imans de la loi du Christ.

Votre lettre a été pour moi ce que la rosée est pour les fleurs, et les rayons du soleil pour le tournesol. Que Dieu vous couronne de prospérité comme vous l’êtes de sagesse, et qu’il aug-

  1. Voyez le douzième vers de la lettre 1536.
  2. Pierre-Charles Fabiot, plus connu sous le nom d’abbé Aunillon, est mort en 1766, âgé d’environ soixante-seize ans (Cl.)
  3. Il avait écrit à l’auteur une lettre en style oriental, sur la tragédie de Mahomet. M. de Voltaire lui répondit sur le même ton. (K.)