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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/184

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seraient égaux sans vous. Nous avons mené à Bruxelles une vie retirée qui est bien de mon goût ; j’y ai trouvé peu d’hommes, mais beaucoup de livres : je n’ai pas laissé de travailler ; mais ma mauvaise santé me fait perdre bien du temps, elle se dérange plus que jamais. Vous rendrez heureuse cette vie que la nature s’obstine à tourmenter. Je retrouverai dans votre commerce et dans celui de Mme d’Argental de quoi braver tous les maux. Adieu. Les Autrichiens disent qu’ils inonderont la France avec cent mille hommes, l’année qui vient. Je n’en crois rien du tout.


1551. — À M. CÉSAR DE MISSY[1].
3 décembre.

Je suis bien surpris, monsieur, de n’entendre point parler de vous. Je vous ai envoyé les deux paquets à l’adresse que vous m’aviez donnée ; je vous ai écrit de Bruxelles, je vous ai écrit de Paris point de nouvelles. Ce silence me fait trembler pour votre santé. Tirez-moi d’inquiétude, je vous en prie. Je m’intéresse beaucoup plus à vous qu’à mes paquets. Écrivez-moi au faubourg Saint-Honoré, et comptez sur les sentiments que je vous ai voués.


1552. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Berlin, 5 décembre.

Au lieu de votre Pucelle et de votre belle Histoires[2], je vous envoie une petite comédie[3] contenant l’extrait de toutes les folies que j’ai été en état de ramasser et de coudre ensemble. Je l’ai fait représenter aux noces de Césarion, et encore a-t-elle été fort mal jouée. D’Éguilles[4], qui m’a rendu votre lettre d’antique date, est arrivé. On dit qu’il a plus d’étoffe que son frère ; je n’ai pas encore été en état d’en juger. Je n’ai de la Pucelle que l’alpha et l’oméga ; si je pouvais avoir les IVe, Ve, VIe et VIIe chants, alors ce serait un trésor dont vous m’auriez mis pleinement en possession.

Il me semble que les créanciers de mesdames les dix-sept Provinces sont aussi pressés de leur payement que messieurs les maréchaux de France sont

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’Essai sur les Mœurs, déjà cité plusieurs fois.
  3. Le Singe à la mode.
  4. Alexandre-Jean-Baptiste de Boyer, seigneur d’Éguilles, frère puiné du marquis d’Argens. Il fut d’abord chevalier de Malte, et ensuite président à mortier au parlement de Provence.