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jouissent de l’honneur et du plaisir de vous voir ! Mille tendres respects.

Voltaire[1].

1581. ‑ À M. THIERIOT.
À Paris, le 11 juin.

La persécution et le ridicule sont un peu outrés. J’ai une récompense bien singulière et bien triste de trente années de travail. Ce n’est pas tant Jules César que moi, qu’on proscrit[2]. Mais je songe encore plus à votre pension qu’aux tribulations que j’éprouve, et le plus grand de mes chagrins est de voir souffrir mon ami : car enfin la pension du roi de Prusse vous est plus nécessaire que ne me l’était la justice que me refuse ma patrie.


1582. — À M. DE PONT-DE-VEYLE.
Juin.

Il est bien dur de partir sans avoir la consolation d’embrasser M. de Pont-de-Veyle. Je ne mettrais point de bornes à ma douleur si, dans ma boîte de Pandore, il ne restait l’espérance de vous revoir un jour, et d’entendre avec vous Jules César. Les brutes qui me chicanent sont aussi sots que ceux qui assassinèrent mon héros furent cruels.


1583. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Potsdam, 15 juin.

Quand votre ami, tranquille philosophe,
Sur son vaisseau, qu’il a soustrait aux vents,
Voit à regret l’illustre catastrophe
Que le destin fait tomber sur les grands,

je voudrais que vous vinssiez une fois à Berlin pour y rester, et que vous eussiez la force de soustraire votre légère nacelle aux bourrasques et au

  1. Une lettre de Philibert Orry, contrôleur général des finances, à Voltaire, à la date du 9 juin 1743, est signalée dans un catalogue d’autographes. Elle est relative à l’envoi de Voltaire à la Haye « Le roi, monsieur, s’est déterminé à vous envoyer où vous savez. Je donne ordre à M. de Montmartel de vous payer huit mille francs et une année de votre pension, qui est ce que M. Amelot m’a dit que vous demandiez… »
  2. La veille, à minuit, après la dernière répétition, Voltaire avait appris que son Jules César ne serait pas joué.