Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

précisément que des charges de marguillier et des places de chantre auxquelles vous n’aspirez point.

Apportez au moins, en venant,
Cette vierge[1] si découplée
Qui brillait plus dans la mêlée
Que tous vos héros d’à présent ;
Que ce Broglio toujours fuyant,
Réduisant sa troupe en fumée ;
Que Maillebois toujours errant,
Menant promener son armée ;
Que Ségur le capituleur[2],
Et les autres transis de peur.

Je vous montrerai de mes Mémoires[3] ce que je croirai pouvoir vous montrer. Ils sont vrais, et par conséquent d’une nature à ne paraître qu’après le siècle.

Adieu, cher Voltaire ; à revoir.

Fédéric.

1606. — À M. L’ABBÉ DE VALORI.
Berlin, le 31 août.

Je viens, monsieur, de me vanter à monsieur votre frère[4] de vos bontés mais il faut que je me vante à vous des siennes. Berlin et Lille sont pour moi deux patries nouvelles. Je me flatte que j’aurai bientôt[5] l’honneur de vous revoir et de vous dire à quel point je suis attaché à toute votre famille. Permettez-moi d’assurer de mon respect Mme et Mlles de Valori. Il sera bien difficile que je quitte sitôt ce pays-ci mais enfin on ne peut oublier cette troisième patrie qui s’appelle la France. Plût à Dieu que tous les gens de votre espèce qui sont dans ce pays-là vous ressemblassent ! Ils seraient les maîtres de tout, à force de plaire.

Mille tendres respects.

Voltaire.
  1. La Pucelle.
  2. Allusion à la capitulation du 23 janvier 1742, dans Lintz.
  3. C’est l’ouvrage intitulé Histoire de mon temps, et qui fait partie des Œuvres posthumes de Frédéric.
  4. Le marquis de Valori voyez la lettre 1608.
  5. Voltaire, arrivé à Berlin vers le 30 auguste 1743, ne quitta cette ville que le 12 octobre suivant, après plusieurs excursions en diverses parties de la Prusse et il ne rentra à la Haye que le 26 du même mois. Il ne dut revoir l’abbé de Valori, à Lille, qu’en décembre, en retournant à Paris pour y rendre compte de sa mission diplomatique. (Cl.)